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Le Cercle Anglais


///  Texte de David G. Blackburn

Hub du Monde Sportif à Pau - la Reine des Sports

Le Cercle anglais est la doyenne des institutions et des associations paloises depuis 1828, ce qui en fait le principal témoin du développement sportif et touristique à travers trois siècles. Les collections uniques de l'English Club sont composées de livres, d'œuvres d'art, de photographies et de trophées - tous inspirés, collectés ou créés par les membres de l'English Club.

Ces membres se définissent, ainsi que le disent les statuts de 1856, comme « résidents et visiteurs à Pau de toutes les nations ». L’institution est officiellement fondée en 1856 sous la forme d’une bibliothèque de langue anglaise, condition nécessaire pour attirer les résidents et les voyageurs anglophones au 19 ème siècle. Puis le nom a été changé pour The English Club en 1859.

Le Cercle anglais fut le témoin de la proposition du béarnais Pierre de Saint-Cricq visant à faire reconnaître le Château de Pau par la Chambre des Députés comme Domaine Royal en janvier 1832. La restauration ultérieure du Château au cours des années 1840 en tant que monument historique fut essentielle au développement du tourisme de Pau. En effet Pau est le lieu de naissance d’Henri IV, roi de Navarre et roi de France, le monarque préféré des français.

Pau se présente comme la porte ouest des Pyrénées située sur l'axe est-ouest allant de Toulouse à Bayonne et sur l'axe nord-sud de Paris à Madrid via Bordeaux et le col du Somport. Le Cercle anglais assista à l’augmentation de la colonie étrangère pendant la première guerre carliste, avec des résidents accédant non seulement aux stations thermales pyrénéennes, mais aussi à un important afflux de réfugiés espagnols.
En raison de fréquentes irrégularités dans les passeports, le gouvernement de Louis-Philippe exigea
en 1835 que toutes les demandes soient traitées à Paris par le ministre de l'Intérieur, gonflant la population locale de ceux qui attendaient des passeports et des escortes militaires pour traverser en toute sécurité
les Pyrénées via le Somport. Des diplomates comme Washington Irving auraient traversé Pau de Madrid
à Paris via Bordeaux. Le chargé d'affaires d'Irving à Madrid, Jasper Hall Livingston était membre du
Cercle anglais.

Le Cercle anglais a été le témoin de la visite officielle de Ferdinand-Philippe, duc d'Orléans à Pau en août 1839, aboutissant trois mois plus tard à la création de la « Société d'Encouragement pour l’Élèvage de chevaux dans le Département des Basses-Pyrénées ». Fondée par des béarnais et animée rapidement par des membres du Cercle anglais, des britanniques, des américains et des allemands, la société d’encouragement permettra l’ouverture de l'Hippodrome en 1843.

 

Peu de temps après la visite du duc d'Orléans, le Dr Alexander Taylor, membre du Cercle anglais, arrivé pendant la guerre carliste, dédia son étude du climat de Pau au préfet du gouvernement, le vicomte Napoléon Duchâtel en 1842. Ce guide touristique décrit les bienfaits de Pau pour la santé, ainsi que les activités de loisirs et l’hébergement, vantant Pau comme station thermale d’exception avec une église protestante et 15 000 livres dans la bibliothèque publique - ainsi qu'un Cercle anglais en devenir.

 

Le guide de Taylor a été salué avec enthousiasme par le roi Louis-Philippe et traduit en français par Patrick O'Quin, membre du Cercle anglais - avocat, journaliste et plus tard maire de Pau. Taylor réédita son guide en 1856 et 1861 pour rendre compte de l'expansion des hôtels touristiques de Pau, des installations sportives, de la bibliothèque publique et du Cercle anglais - toutes rubriques indispensables des guides touristiques de langue anglaise, la plupart d’entre eux décrivant les Pyrénées comme magiques, mystiques et montrant une fascination particulière pour l'isard pyrénéen.

Les « Masters » du Pau Hunt et bon nombre de leurs « boutons » étaient membres du Cercle anglais,
ce qui rendait naturel pour ceux qui entretenaient les chiens de faire du Cercle anglais son siège administratif. N’étaient-ils pas les meilleurs gardiens de la meute, ces propriétaires d'écuries du Cercle anglais, ces nombreux cavaliers qui préféraient monter en course leurs propres chevaux et aimaient tant chasser ? La meute de chiens anglais avait été donnée par Sir Harry Oxenden, « à ses amis britanniques et français de Pau » à l’époque où la santé de sa femme et ses affaires l’appelaient à Broome Park en 1842.

Les membres du Cercle anglais, le capitaine O'Shirley et M. Blair ont organisé le premier match de cross-country équestre de Pau en mai 1846, suivi peu après par le premier « drag » attesté par le « Master » Jasper Hall Livingston en novembre 1847. Le « Master » Richard Francis Lalor Power a persévéré dans l’usage du « drag » remplaçant définitivement les chasses au renard traditionnelles et mondaines, et rendant de ce fait la participation difficile pour les sportifs en mauvaise santé de la fin des années 1850 jusqu'au début des années 1860. Le débat au sein des réunions du comité du Pau Hunt au Cercle anglais mentionne une meute moins rapide achetée par Lord Howth en 1878, avec pour effet un désintérêt de certains membres du comité tel Arthur Smythe Este, démissionnant ou soutenant le désir d’un autre bouton, le comte de Bari, d’acquérir une meute plus vive, voire de nommer Bari comme maître d’équipage.

 

Les meutes concurrentes aboutirent finalement à la liquidation du Pau Hunt au printemps 1880, le comte de Bari cédant la propriété de sa meute à la ville de Pau après une discussion avec James Gordon Bennett. Une chasse au renard clandestine plus traditionnelle, généralement organisée par Thomas Burgess sous le puissant « Master » Bennett, a été tolérée pendant deux ans jusqu'à ce que le maire Nicolas Renault insiste pour que la colonie étrangère rétablisse la chasse de Pau et s'adapte « aux divers niveaux de compétence de tous les boutons ». À partir de novembre 1882, le « Master » Thomas Burgess alterne les chasses au renard plus lentes avec les « drags » plus difficiles. Comme pour Bari, Bennett a offert sa meute à la ville de Pau à l’époque où Burgess est « Master ».  Les nombreux courriers du Pau Hunt partaient de l’English Club, si bien que l’on adopta l’adresse de l’English Club pour tout ce qui touchait à l’équipage.

Le Cercle anglais était la plaque tournante d'associations sportives prestigieuses avec des réunions de comités, des discussions et débats entre membres, l'organisation de matchs et des réunions de dirigeants tant pour le Pau Golf Club, le Lawn Tennis Club, le Cricket Club, le Real Tennis Club (jeu de paume), le Polo Club ainsi que des échanges avec l'explorateur pyrénéen, le comte Henry Russell-Killough. L'un des joueurs de polo les plus connus au monde, William Knapp Thorn, ainsi que des membres du Cercle anglais qui étaient des athlètes « olympiques » des temps modernes - Charles Wheeler, Edgard Lejeune, Maurice Raoul-Duval et Laurence McCreery - ont joué au polo dans le village voisin de Billère.

Un grand tumulte a dû envelopper le Four-in-Hand Coaching Club de Pau lorsque James Gordon Bennett a établi une ligne régulière entre le Cercle anglais et Biarritz en avril 1881, avec un service bi-hebdomadaire quittant le Cercle anglais sur la très chic Place Royale à 10 heures et arrivant à l'hôtel d'Angleterre huit heures plus tard avec un arrêt pour le déjeuner et deux arrêts supplémentaires pour les chevaux frais. Les voitures attelées étaient toujours conduites par des membres du Cercle anglais tels le baron Robert Lejeune et les présidents du cercle William Forbes Morgan et Joseph Barron. D'autres membres du Cercle anglais bien connus dans le développement du sport de l’attelage étaient le président du cercle
Charles Henry Ridgway, dont le « Rocket » dirigea plus tard la ligne Cercle anglais-Biarritz. D'autres étaient George Eustis Jr. et William George Tiffany, le beau-frère de la suffragette Alva Vanderbilt, épouse (et plus tard ex-épouse) de William Kissam Vanderbilt. Le Manuel de l’attelage de Fairman Rogers, publié en 1900, est dédié à Tiffany, dont la voiture est maintenant conservée au Carriage Museum of America à Lexington, Kentucky.

Le Cercle anglais fut témoin de nouveautés telles que les photographies du président du cercle
John Stewart exposées dans les années 1850 et publiées en 1853. Des lignes téléphoniques directes
furent installées entre le Cercle anglais et le Golf Club de Pau en 1887. Quatre ans plus tard, des lignes furent installées pour communiquer avec le chenil du Pau Hunt, financé et dédié à la mémoire du membre Alfred Torrance, par sa mère veuve Sophia Johnson Vanderbilt. William Knapp Thorn, cousin de William Kissam Vanderbilt et d'Alfred Torrance (petits-fils de Cornelius Vanderbilt) fut le « Master of the Pau Hounds » lui et le comte George Nitot ont fondé la section Béarn de l'Automobile Club de France et le Grand Prix de Pau en 1898.

Le dernier sport nouveau créé à Pau avant la Grande Guerre est l'aviation à l'Aéro Club de Pau. Son président, le colonel George Falret de Tuite, sera le futur président du Cercle anglais et le Dr Howard Speakman, membre du Cercle, le chronométreur officiel lorsque Orville et Wilbur Wright ont ouvert leur école de pilotage à Pau, destinée à une clientèle aisée en février 1909.

SOURCES

Archives départementales des Pyrénées Atlantiques

- Département des Basses-Pyrénées, Société de l'encouragement pour l’élevage des chevaux,
registre des délibérations (1840-1867) - 120 J 1.

- Recueil des actes administratifs du département des Basses-Pyrénées, 1835 - BIB BA 300 art.1835,

Archives communautaires de Pau-Béarn-Pyrénées

- Pau Hunt : comptes rendus (1867-1885) - 36 Z 1.

- Pau Hunt : comptes rendus (1886-1899) - 36 Z 2.

Sources imprimées

« The early days of a M F H. », Baily's Magazine of Sport & Pasttimes, vol. VII, Londres : A.H. Baily & Co., octobre 1863, p. 73-87.

« Doe on the demise of Oxenden against Cropper » dans Reports of Cases Argued and Determined in the English Courts of Common Law, Vol. XXXVII. Philadelphia, T. & J.W. Johnson & Co., Law Booksellers, 1865.

« La Vie en Plein Air », Le Figaro, 15 février 1882.

« M. Gordon Bennett est l’hôte de Biarritz […] », L’Écho des Pyrénées, 7 avril 1881.

« Les Chasses de Pau », Le Journal des Étrangers, 26 janvier 1889.

Le Mémorial des Pyrénées : 3 septembre 1839, « Pau, Séjour de LL AA RR, le Duc et la Duchesse d'Orléans » ; 7 septembre 1839, « Voyage de M. le Duc et Mme la Duchesse d'Orléans Hautes-Pyrénées » ; 1er décembre 1842, « Conseil Municipal de Pau Séance du 29 novembre 1842 », « Une chasse aux loups, 1er partie » ; 3 décembre 1842, « Une chasse aux loups, 2ème partie », « Nouvelles Locales » ;  17 février 1843, « Nouvelles Locales ».

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