Les prémices
L’organisation des concours hippiques à Pau s’explique certainement par la tradition vivace du cheval en Béarn. Les premières initiatives sont dues au privé, dans le cadre de la vie mondaine paloise dont il a été question à propos du golf et des courses de chevaux.
Les premières rencontres hippiques
Pau Gazette du 12 février 1882 nous apprend que le baron d’Este a organisé chez lui, au château de Billère, une réunion hippique avec vente de programmes et de bouquets dont la recette de 2 700 francs est consacrée à aider les pauvres.
Dans le Journal des Étrangers du 20 février 1884, il est fait mention que le 16, ce même baron a invité à nouveau la bonne société du Pau-Hunt pour une course à travers le pays mettant aux prises trois concurrents, suivie d’un concours hippique sans obstacle qui en réunit dix-neuf, et d’un autre avec obstacles auquel participent dix-sept personnes. Les prix décernés le sont sous forme d’objets d’art, de flots de rubans, d’un flambeau en argent et d’une pendule de voyage. La "fête est merveilleusement réussie dont
M. le baron et Mme la baronne d’Este peuvent être légitimement fiers" (ibid).
Cette rencontre privée se renouvellera tous les ans. Le 14 septembre 1888, M. de Witkowski, rédacteur à L’Union bretonne de Nantes et organisateur de concours au Mans, à Rennes et à Saint-Malo, écrit au maire de Pau pour lui proposer d’en faire disputer dans sa ville. Mais cette demande est rejetée par la Société hippique française. Il envoie alors des documents concernant les concours bretons de 1886 et 1887 afin d’informer le Conseil municipal de leur nature et de leur déroulement. Après un échange de courriers, un premier concours hippique est organisé sur la Haute-Plante les 1er, 3 et 5 février 1888 pour lequel la Ville accorde 5 000 francs, dont 4 500 doivent être affectés aux prix. Pour participer au concours, les hommes peuvent souscrire à hauteur de 20 francs, les dames pour la moitié. Ayant donné satisfaction, l’expérience est renouvelée l’hiver suivant, les 5, 7 et 9 mars.
(Archives communautaires, 3F3/1).
Le comité mondain
En 1890 est créée la Société des Concours Hippiques et des Cross-Country dont le siège est situé au
38 de la rue de Bordeaux (rue de Liège actuelle). Cette année-là, il organise cinq jours de courses diverses, mais aucun concours hippique. En 1895, le concours hippique qui devait avoir lieu à Bordeaux ne pouvant être organisé en raison de l’occupation du site par une exposition, Pau offre de s’en charger et propose pour cela une somme de 13 000 francs à laquelle s’ajoutent les 7 000 de la Société d’Encouragement.
La proposition est acceptée : un Concours Hippique du Sud-Ouest a lieu à Pau les 11 et 12 février, puis du 14 au 18. L’échec de ces journées, sans doute montées trop rapidement, représente une grosse perte financière pour la société hippique nous dit D. Décamps (op. cit).
Le public n’y a pas été préparé, pas plus que les concurrents qui ont pris de nouvelles dispositions ou à qui on na pas donné le temps de se retourner. Il faut attendre 1903 pour que le Syndicat d’Initiative fonde un Comité mondain, composé d’étrangers et de la haute société paloise, afin de pérenniser la pratique.
Le premier président en est le vicomte de La Rochefoucauld, à qui succèdent le duc de Bissac en 1909,
M. Thorn et le baron d’Este en 1910. Le Conseil municipal vote la subvention de 8 000 francs demandée par le vicomte. Au départ, les épreuves sont ouvertes aux civils et aux militaires, "aux chevaux de tous âges et de toutes nationalités montés par des gentlemen. Sont qualifiés gentlemen : tous ceux reconnus tels dans le concours de la Société hippique française (…) et les personnes admises par les Commissaires du Concours de Pau" précise le règlement qui décrit l’uniforme de rigueur : culotte blanche, habit rouge, bouton d’un équipage de chasse connu, haut-de-forme ou cap.
Le concours, qui bénéficie en outre de dotations du Pau-Hunt et de commerçants, a lieu les 11, 13 et 15 mars sur la Haute-Plante dans une enceinte de 162 sur 109 m. Le parcours qui, tradition locale, cherche plus ou moins à reproduire les conditions de la chasse au renard, est difficile en raison de la présence d’obstacles naturels et de la banquette irlandaise qu’on a vu supprimer à l’hippodrome. Ce choix délibéré a pour but de "mettre en valeur des chevaux d’obstacles vraiment utiles et non point des sauteurs de manèges" écrit Pau Gazette le 20 mars 1904. Cependant, à la demande de concurrents peu habitués à ce genre de profil, certains obstacles sont supprimés, mais dans quelques épreuves seulement afin d’encourager l’engagement d’étrangers, sans nuire toutefois à la réputation du concours, nous dit Le Patriote du 17 décembre 1917.
Des épreuves spécifiques sont réservées aux gentlemen, officiers et attelages de location. Devant le succès mondain et populaire remporté par cette manifestation, elle est reconduite régulièrement : les 9, 11 et 13 mars 1904 ; 15, 17, 19 et 20 mars 1905 ; 7, 9, 11 et 12 mars 1906 ; 13, 15, 17 et 18 mars 1907… jusqu’en 1914. Il apparaît donc qu’à partir de 1907,on passe de trois journées à quatre afin de multiplier le nombre des épreuves et d’attirer ainsi plus de concurrents et de spectateurs dont la présence ne peut que bénéficier au commerce local et à la réputation de la ville. La subvention initiale de 8 000 francs est versée chaque année sans la moindre réticence. Des personnalités honorent le concours de leur présence : la sœur du Tsar en 1907 et le roi d’Angleterre Edouard VII en 1908 étant les plus remarquables.