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Le Pau Hunt 
La Chasse au Renard


///  Texte de Jean-Louis Maffre

Le Pau Hunt

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Créé en 1840 et la guerre fut déclarée aux renards béarnais.

Un peu d'histoire

En 1840, sir Henry Oxenden Bart loue le château d’Aureilhan près de Tarbes où il s’installe avec son épouse, ses chevaux et sa meute. Il chasse le renard pendant deux ans sur le plateau de Ger. À la mort de sa femme, en 1842, il est désespéré et, avant de retourner en Angleterre, il donne l’ordre à son piqueur,
M. Dupont, d’abattre les chevaux, de les donner aux chiens puis de tuer ceux-ci.

L’ordre n’est que partiellement exécuté et douze couples de chiens sont sauvés par M. J. Cornwell qui vit à Pau. Il crée la Société pour la destruction des bêtes fauves, loups et renards, avec les frères Cavendish, le capitaine Shillar, MM. Roussel et Charles Whyte, qui obtiennent "l'autorisation de traverser les communes des environs de Pau".  

(D. Décamps, La vie sportive à Pau de 1900 à 1920, Thèse de 3e cycle, Pau, 1979).

Le premier mastership est assuré par le capitaine Shillar en 1842. 

Pourquoi avoir choisi le Béarn pour pratiques cette activité ? Pau Gazette du 29 novembre 1908 nous fournit quelques éléments de réponse sous la plume de P. Lafond : "Nulle région n’est mieux appropriée à ce genre de sport. Le calme de l’atmosphère, l’absence de vent y permettent de sortir par tous les temps, de courir à travers champs pendant l’hiver, qui n’est ici qu’une prolongation de l’automne bientôt remplacé par le printemps ; le terrain de chasse (…) n’est, pour le véritable cavalier, qu’un charme et un agrément de plus avec ses ruisseaux, ses talus, ses barrières et ses fossés. (…) ses bruyères qui forment litière pour les bêtes et tapis moelleux et ouaté pour les hommes".

Le Pau Hunt

En 1864, il s’agit d’une société par souscription réunissant les membres fondateurs cités plus haut. En 1875, M. Stewart fonde la Société de Chasse à Courre de Pau, dont le siège social est au Cercle Anglais place Royale, et la dote de statuts. Les membres fondateurs qui paient une cotisation d’un minimum de 400 francs par an en assurent la gestion. Les souscripteurs paient moins de 400 francs et ont uniquement le droit de chasse. Un Comité de six à douze membres est élu en mars par une Assemblée générale,  "l'Honorary Secretary" assurant le travail administratif (cette organisation est semblable à celle du Golf-Club).

Cette même AG élit le Master pour la saison suivante. 

Celui-ci la prépare en s’occupant de la composition de la meute, des montures et décide des parcours. Il y consacre son temps et son argent. Le numéro spécial de La Vie au Grand Air consacré à Pau en 1904 précise son rôle : "Les fonctions du maître d’équipage sont bien plus lourdes encore par le tact, la finesse, la parfaite éducation qu’elles exigent, et seule une haute personnalité rompue aux moindres nuances du code mondain cosmopolite peut les remplir sans éveiller les susceptibilités. Il y faut cette qualité quasi féminine que Balzac appelle la science encyclopédique des riens" rapporte D. Décamps (op. cit).

On note que les officiers impécunieux de Pau et de Tarbes qui sont les plus "dynamiques" causent aussi le plus de dégâts pour lesquels il faut indemniser les paysans. De plus, les résidents et importants contributeurs de Pau étant minoritaires par rapport aux hôtes de passage, les souscriptions sont insuffisantes et le Pau-Hunt vit au-dessus de ses moyens. Car il s’avère que ce sport est très onéreux.

Par exemple, de 1875 à 1880, il est revenu à une trentaine de milliers de francs : 8 000 pour les piqueurs (qui s’occupent des chevaux), 7 500 pour la nourriture des montures, 4 500 pour celle des chiens, 3 000 pour le loyer du chenil, 2 000 pour les indemnités destinées à rembourser les dégâts causés aux cultures, 1 500 pour l’achat de renards… De plus, il faut renouveler la meute tous les trois ans, ce qui revient à 6 000 francs. Les cotisations des membres s’élèvent à 20 000 francs ; la subvention municipale, de 200 francs en 1868, est augmentée à 1 000 en 1870, 3 000 en 1872, 4 000 en 1875. Elle passe à 10 000 en 1878 et se montera plus tard à 20 000. Le Comité des Chasses garantit alors 50 000 francs si les souscriptions n’atteignent pas ce chiffre. Malgré cela, le déficit dû à la relative modicité des cotisations s’élevant alors à 400 francs est traditionnellement comblé par le Master. Le baron d’Este, MM. Ridgway et Prince font partie des plus généreux, et l’on sait notamment que le mastership de lord Howth pour la saison 1878-1879 lui a coûté
125 000 francs. 

Lors de la saison 1879-1880, la Société souffre de la concurrence du comte de Bari, frère du roi de Naples et descendant d’Henri IV, qui  organise deux chasses par semaine, le lundi et le vendredi. Il dispose de trente-cinq chiens donnés par sa cousine l’impératrice d’Autriche et d’une écurie de vingt boxes.

Le Mémorial des Pyrénées du 24 avril 1880 rapporte un article de la revue Le Sport prétendant que "c’est avec plaisir que l’intelligent conseil municipal de Pau voit cette meute qui ne coûte rien, tandis qu’ils subventionnent l’autre de plus de 10 000 fr., afin d’attirer, par le sport et la chasse, de nombreux étrangers".  Toujours en opposition avec son concurrent L’Indépendant des Pyrénées, et ardent défenseur de tout ce qui porte particule, il écrit le lendemain que ce dernier quotidien "rend S.A.R. le comte de Bari responsable des tiraillements survenus au sein de la Société des Chasses et des tripotages mesquins dont une animosité personnelle a essayé de le rendre victime". Cela entraîne la démission de M. Stewart et la dissolution du Pau-Hunt en avril 1880. La Ville, qui tient à la pérennité de la Société, prend alors en charge les frais de personnel et de la meute durant l’été en attendant la reconstitution de l’association. L’intervention de James Gordon-Bennett, du New-York-Herald, qui prend en charge le mastership pour deux années et toutes les dépenses, rétablit le Pau-Hunt. Le comte de Bari offre alors sa meute aux chasses de Pau. 

La Société est réorganisée en 1882 après la démission de Gordon-Bennett, trop souvent retenu aux États-Unis par ses affaires. Le maître d’équipage est remplacé par un comité de six membres formé de lord Howth, du baron le Cordier, de MM. Stewart, Jameson, Thorn et Winthrop qui se partagent les responsabilités (Pau Gazette du 26 novembre 1882).

Il est décidé le mois suivant, sous la présidence du baron, que seuls les membres fondateurs de la société auront le droit de vote selon le statuts de 1875 car le Comité de novembre "ne représentait qu’imparfaitement les opinions des membres fondateurs". (Pau Gazette du 31 décembre).

Mais de nouvelles difficultés amènent la société à revenir au système du maître d’équipage – M. Burgess – et à nommer un nouveau comité à la composition diplomatiquement cosmopolite : les Américains Torrance et Winthrop, les Britanniques Taylor et Jameson, les Français Ginot, Guillemin et le prince de Clermont-Tonnerre.