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Marguerite Broquedis
 

///  Texte : Daniel Décamps

Marguerite Broquedis naît en 1893. Elle est la fille d’Emile Broquedis, maître paumier au jeu de paume de Pau, chargé de gérer le jeu, de donner des leçons et fabriquer des raquettes. A côté du jeu de paume, existent également des terrains de tennis et Emile Broquedis initie très tôt ses trois enfants aux jeux de balle, les deux garçons plutôt à la paume et sa fille Marguerite au tennis. En 1904, alors que le jeu de paume décline à Pau, Emile Broquedis achète des salles de jeu de paume et de tennis à Paris,
dans le 16 ème arrondissement.

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A l’époque, peu de femmes jouent au tennis ; Marguerite s entraîne donc avec des hommes et tout d’abord avec son père et ses frères. Elle acquiert un jeu agressif, doté d’un puissant coup droit, une belle volée, un grand service, peu habituels chez les joueuses de l’époque. Mais son jeu élégant et son allure  la font surnommer « la déesse ».

 

En juin 1912, elle remporte le premier Championnat du monde sur terre battue à Saint-Cloud, puis en juillet participe aux Jeux Olympiques de Stockholm. Les femmes ne sont alors admises qu’aux épreuves de tennis, golf, tir à l’arc, natation et dans la délégation française envoyée à Stockholm, elle est la seule femme. Les cent dix hommes de la délégation obtiennent dix médailles tandis qu’elle en remporte deux : l’or en simple sur l’Allemande Dora Köring et le bronze en double mixte avec Albert Canet. Elle est la première championne olympique française toutes disciplines confondues. En 1913 et 1914, elle remporte le Championnat de France, battant difficilement en 1914 la jeune Suzanne Lenglen âgée de quinze ans
(5/7 6/4 6/4). Ce sera la seule défaite de Suzanne Lenglen en match officiel.

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Marguerite Broquedis est alors à l’apogée de sa carrière, très populaire, introduite dans la haute société. Elle donne l’image d’une sportive moderne qui a fait évoluer la tenue pour plus d’aisance dans ses mouvements, cheveux courts, abandon du corset, jupe au-dessus des chevilles. Au-delà, sans être une militante acharnée du féminisme, elle revendique le droit des femmes à faire du sport, tous les sports, comme les hommes, et pas seulement la gymnastique éducative ou le croquet.

 

La guerre marque un tournant dans sa carrière. Elle perd ses deux partenaires favoris ; son frère Louis est tué et Eugène reste handicapé. Elle reprend la compétition après la guerre, mais c’est maintenant Suzanne Lenglen qui occupe le devant de la scène et la bat en finale du Championnat de France 1920. Marguerite Broquedis remporte encore quelques titres sous son nom d’épouse Broquedis-Billout (1917-1923). Devenue veuve, elle figure ensuite sous le nom de Broquedis-Bordes à la suite de son deuxième mariage en 1925. Elle gagne les Internationaux de France de Roland Garros en 1927 en double mixte avec Borotra, son seul titre de grand chelem. Elle revient à Pau plusieurs fois pour participer au grand tournoi international et le gagne. Elle met fin à sa carrière en 1930 tout en restant en contact avec les Mousquetaires, ses anciens partenaires. Le président Giscard d’Estaing lui décerne la Légion d’honneur en 1976.

Elle décède en 1983.

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