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Louis Cluchague


///  Texte : Jean-Paul Basly

d'après Jacques Girault (article LE MAITRON, dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier, 25 octobre 2008)

Louis Cluchague est né le 20 août 1902 à Lons (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), mort le 22 juillet 1978 à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Il est le fils d’un clerc d’avoué devenu huissier, et le troisième de six enfants. Instituteur, joueur de rugby, communiste et militant souvent rebelle, anticonformiste et antimilitariste, sa position dans la cité paloise tant sur le plan social que sur le plan sportif fut un modèle de rigueur et de combativité.

L’instituteur

Elève de l’école laïque Marca, puis de l’école primaire supérieure et professionnelle Saint-Cricq à Pau, il entra à l’Ecole normale d’instituteurs de Lescar (Basses-Pyrénées) en 1918. Il en fut exclu pour "insubordination" et "incorrection" à l’égard du directeur. Il effectua son service militaire dans l’infanterie (novembre 1922-mai 1924) comme caporal. Il enseigna comme instituteur, d’abord comme suppléant à Saint-Sever (Landes) en 1924-1925, puis réintégra les Basses-Pyrénées (Guéthary, 1925-1928 où il fut titularisé, Ciboure, 1928, Saint-Jean-de-Luz, 1929-1933, puis Biarritz, école des Thermes-Salins, 1933-1942). En octobre 1945, il fut nommé directeur d’une école créée à la périphérie de Pau, école Pau-Nord-Est devenue école Henri Lapuyade en juillet 1957, où il prit sa retraite en 1963. Membre du Syndicat national des instituteurs, il avait été, à la fin des années 1940, le secrétaire de la commission d’action laïque de la FEN-CGT.

Le rugbyman

Louis Cluchague était un rugbyman de haut niveau, évoluant à la Section paloise puis au Biarritz Olympique de 1922-1923 à 1934-1935, deux fois trois quart aile gauche de l’équipe de France en janvier 1924 contre l’Ecosse et en avril 1925 contre l’Angleterre. Il participa avec son club aux campagnes de promotion du "beau jeu", en liaison avec les fédérations du rugby du Royaume Uni, luttant contre les pratiques brutales répandues alors en France. Il garda de cette activité un grand intérêt pour l’enseignement du rugby et, croyant à la fonction éducative du sport, participa à la création de l’école des minimes du BO en 1935-1936. Arrêtant la compétition en 1935, il fut l’un des trois entraîneurs du BO, champion de France. Il se maria religieusement en avril 1936 à Pau avec une employée de trésorerie pratiquant la montagne et le ski avec qui il eut deux enfants.

Le militant social et l’éducateur

Dans son école paloise, il impulsa la création de l’Association des parents d’élèves et amis de l’école Nord-Est en 1947. En même temps, il créait, avec son épouse Madeleine, un restaurant scolaire, dépendant de cette association, qui, en raison de ses qualités, s’ouvrit à plusieurs écoles et au lycée de filles de la ville. La municipalité prit une part croissante à son financement sans que son statut associatif change. En 1960, utilisant sa notoriété, il impulsa la création d’un club scolaire, formé à partir de la section rugby. Il s’occupait personnellement de l’équipe junior qui devait disputer en 1963 la demi-finale du championnat de France. L’Union sportive Pau Nord-Est se développa dans d’autres disciplines. D’autres initiatives marquèrent sa direction d’école (séances de cinéma, bibliothèque, activités inter-âges, camp d’adolescents de l’Abérouat en 1949, sorties hebdomadaires de ski, etc…). Toutefois, Cluchague proposa une organisation autonome dans une “association sportive et culturelle Nord-Est“. Des tensions internes à la gauche paloise s’en suivirent. Finalement après une conciliation, fut créée “l’Union sportive Nord-Est“ affiliée aux amicales laïques et à l’UFOLEP.

 

Le résistant, le militant politique

Louis Cluchague, membre des Amis de l’Union soviétique, considéré comme un sympathisant du Parti communiste, effectua en juillet 1936 avec son épouse un voyage d’études en Union soviétique avec notamment le géographe Pierre George. A son retour, il multiplia les conférences sur le thème "Ce que j’ai vu en URSS". Mobilisé en août 1939, envoyé avec son régiment au Maroc, il fut démobilisé le 31 juillet 1940.
Il reprit son poste à Biarritz. Les autorités allemandes l’arrêtèrent le 11 juillet 1941. Libéré un mois plus tard, peut être révoqué, il quitta Biarritz pour Pau qui était en zone libre en juin 1942, restant pendant deux années en congé sans solde, travaillant alors comme agent d’assurances. Membre fondateur du Front national dans la région, en contact avec les résistants FTPF (cheminots, maquis de Nay, d’Oloron), il participa à diverses actions de Résistance et fut, à partir de septembre 1944, détaché auprès de Comité départemental de Libération dont il était membre au titre du Front national.

Membre du Parti communiste français depuis 1942 ou depuis janvier 1944 selon les sources, Cluchague fut membre du bureau de la fédération communiste de la fin des années 1940 à 1957. Il devint par la suite membre du seul comité fédéral puis jusqu’en 1966 de la commission fédérale de contrôle financier. Il était aussi le secrétaire de la section communiste de Pau Ville et à partir de 1960, membre du seul comité de section, puis à nouveau à la fin des années 1960 du bureau de section. Il prit une part active à toutes les actions des communistes locaux, tout particulièrement aux actions de défense de l’école laïque, à l’aide aux militants espagnols, aux luttes pour la paix en Algérie, actions particulières en raison de la présence d’un régiment de parachutistes dont les familles logeaient à proximité de son école et de l’emprisonnement à Pau, avec d’autres combattantes algériennes, de Jacqueline Guerroudj, condamnée à mort.

Il siégea au conseil municipal de Pau de 1945 à 1959. Il conduisait la liste communiste aux élections municipales de 1965. Pour celles de 1971, il était le chef de file des communistes sur la liste d’union de la gauche à direction socialiste. Louis Cluchague fut candidat au Conseil général dans le canton Pau Est en 1964 et en 1970. Candidat à nouveau dans le canton de Pau centre en 1973 sans parvenir à être élu, il parvint à chaque élection à être en troisième position.

Après ses obsèques, civiles, avec selon la presse un seul drapeau rouge, occasion d’un imposant rassemblement, son nom fut donné à une rue dans le Nord-Est de Pau.

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