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L'Automobile


///  Texte de Jean-Louis Maffre

Vidéo : Pireneas Bibliothèque 

Film de Pérony René

Sur le plan international et national.

Un peu d'histoire

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Le premier véhicule automobile fonctionnel a été inventé en 1769 par Joseph Cugnot sous le nom de fardier de Cugnot mais il faut attendre la deuxième moitié du XIXe siècle et les progrès liés à la révolution industrielle pour que les véhicules automobiles personnels se développent et prennent finalement leur nom actuel d’automobile.
La naissance de l’automobile s’est faite par l’adaptation d’une machine à vapeur sur un châssis autonome mais des problèmes techniques et sociaux ont retardé son développement. L’encombrement de la chaudière, les matériaux inadaptés aux hautes pressions et les châssis supportant mal les vibrations furent les principaux obstacles techniques et la dangerosité perçue et réelle de ces engins sur les routes à l’époque
a conduit à des législations contraignantes, comme le Locomotive Act au Royaume-Uni.

L’aventure automobile a commencé en France, où les premières expériences réussies ont eu lieu en 1873. Un tel succès qu’en 1895 environ 350 automobiles circulaient déjà sur le territoire français, contre 75 en Allemagne et seulement 80 aux Etats-Unis. C’était une époque où on ne parlait pas vraiment de fabricants de voitures, mais plutôt de carrossiers. En France, ils ont su tourner la page de la somptuosité décorative, qui avait fait leur réputation au XVIIIe siècle, et ont appris à jouer avec les nouveaux codes esthétiques.

Les premières automobiles produites et commercialisées sont à vapeur (L’Obéissante d’Amédée Bollée en 1873) et les premiers prototypes utilisant les nouveaux moteurs à explosion moins encombrants sont réalisés vers 1885. Dans le même temps, le développement des connaissances liées à l’électricité mène à la réalisation des premières voitures électriques : on a donc trois modes de propulsion en concurrence au tournant du XXe siècle. La vapeur est rapidement supplantée et le développement rapide des performances des voitures électriques est stoppé par l’absence de progrès notable dans le stockage de l’énergie, c’est donc le moteur à explosion qui l’emporte sur les autres modes de propulsion. Cette époque est celle de la course à la vitesse, et c’est d’abord la voiture électrique qui s’y illustre (La Jamais Contente est la première à franchir la barre des 100 km/h, en 1897) avant d’être supplantée par la voiture à moteur à explosion. C’est aussi la période de naissance des premières courses automobiles, telle Paris-Rouen en 1894. L’automobile reste alors un produit de luxe, à l’usage contraignant, utilisé sur des infrastructures totalement inadaptées.

L’histoire de la voiture a fait naître et vivre différents métiers. À ce moment de l’histoire, construire une voiture était une affaire collective dans laquelle carrossiers, mais aussi charrons, serruriers, malletier, selliers-garnisseurs, bourreliers, plaqueurs et peintres étaient impliqués ensemble. Tout était fait sur mesure, des carrosseries qui s’adaptaient aux châssis, en passant par les sièges ou les bagages arrimés à l’arrière pour les premiers voyages.

L'automobile à Pau

Avant la Grande Guerre, et surtout avant 1900, une voiture automobile dans les rues de Pau est un rare spectacle. Aux premiers temps de l’automobile, c’est un engin hors de prix dont chaque modèle est construit par en général trois artisans. D’abord l’un se charge du châssis, puis le suivant y place un moteur de sa fabrication et, enfin, un carrossier va donner au véhicule son aspect définitif, selon les désirs du client.

Ce qui explique la grande variété des véhicules qui sont réalisés sur mesure, comme "customisés" comme nous dirions aujourd’hui. Il faut donc disposer de beaucoup de temps et d’argent. Puis on va passer aux "marques", aux modèles industrialisés dont on connaît d’avance le nom du constructeur qui va un jour s’afficher sur la carrosserie, l’aspect du modèle, sa puissance et son prix. 

 

Le modeste Palois se déplace donc à pied, plus rarement à bicyclette car, pour cet autre moyen de locomotion, il faut attendre que les prix deviennent raisonnables et dans les moyens d’un plus grand nombre afin qu’il se démocratise. C’est que, dans les premiers temps, le vélocipède était réservé à une élite financière qui aura tendance à s’en détourner lorsque le peuple en aura fait un usage courant. On peut aussi faire appel aux transports publics de l’époque que sont les voitures hippomobiles de place, attendant le client, comme leur nom l’indique, sur les places paloises, et les voitures de remise à prendre au domicile de leur propriétaire exploitant. C’est dire que le sport automobile, apparu très tard, était réservé à une élite très restreinte de gens particulièrement aisés, casse-cou de surcroît, comme cela le sera plus tard pour l’aviation. 

L’état des chaussées, les encombrements causés par des attelages de toutes sortes, surtout les jours de marché, les piétons négligents et la fragilité des véhicules étaient la cause de nombreux accidents mortels. La vitesse était considérée comme quasiment maléfique : les "bolides" lancés à quelques petites dizaines

de km/h dans les campagnes semaient la terreur dans les populations se mettant à l’abri dès qu’elles entendaient au loin le rugissement des moteurs, et la mort parmi la volaille qui s’était habituée à picorer paisiblement sur les voies non asphaltées. Quand les chevaux ne prenaient pas le mors aux dents avec des conséquences néfastes inévitables ! En ville, dont les rues ne sont qu’en partie pavées, la vitesse des automobiles était limitée par arrêté municipal à 6 km/h, la vitesse d’un piéton pressé…

L'Automobile Club Béarnais

L’Automobile Club Béarnais est créé en décembre 1898 par l’Américain W.K. Thorn qui en est le premier président. La vice-présidence est alors occupée par M. le comte Nitot, le secrétariat par M. Couget, constructeur automobile avenue de la Gare (avenue Jean-Biray) qui s’occupera à partir de 1909 de moteurs d’avions. Le club est soutenu par la municipalité qui voit dans ces activités un moyen d’attirer des visiteurs fortunés et des curieux dont profitera immanquablement le commerce local.

 

Le 1er février 1899, le Bulletin Officiel du Véloce Club Béarnais annonce que "L’Automobile Club de Pau vient de fixer sa première course pour laquelle le Conseil municipal a voté 2,000 fr. au 5 avril prochain".

Le 1er avril, il précise que le départ sera donné à la "Basse-Plante à 9 heures du matin".  Mais la date de la course sera repoussée au lendemain en raison du marché de Peyrehorade que l’épreuve aurait dû traverser. Le 6 avril donc, les concurrents se mesureront sur le parcours Pau-Bayonne-Pau, soit 206 km.

À 9h30, vingt pilotes partent de l’entrée du Parc National (la partie du parc du Château comprise entre les rues Marca, d’Étigny et des Ponts) sous les ordres du président. "Le contrôle est établi ainsi qu’il suit : de Pau à Orthez, par le Véloce-Club Béarnais, d’Orthez à Peyrehorade, par le Véloce-Club Orthézien, de Peyrehorade à Bayonne, par le Véloce-Club Bayonne-Biarritz". 

Il y aura une course de voitures (Delahaye et Peugeot notamment) et de motos. Les concurrents, dont certains sont nommés, viennent de Bordeaux, Paris et Cannes. "Tout semble donc nous promettre une course sensationnelle qui fera époque dans les annales sportives de la région" prévoit le Bulletin Officiel du Véloce Club Béarnais du 1er mars.

Le vainqueur, M. Lemaître, qui revient à Pau à 14h27, arrêts déduits, a fait le parcours à la moyenne de
52 km/h. (Le Grand Prix de Pau 1899-1960, Pierre Darmendrail). 

 

Pau Gazette du 7 janvier 1900 annonce que l’Automobile Club de France accepte le programme du meeting palois prévu pour février par le président de la Commission de l’ACB, M. de Knyff. Celui-ci envisage de faire disputer un Prix de la Presse, le Grand Prix de Pau, le Prix des Cercles, le Prix du Palmarium, et le Grand Prix du Palais d’Hiver. Le budget prévu oscille entre 12 000 et 14 000 francs. Finalement, ce que l’on va nommer la Grande Semaine des Sports organise des compétitions le jeudi 22 et le dimanche 25 février.

Le Bulletin Officiel du Véloce Club Béarnais du 1er février 1900 en donne le programme.