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La tendance actuelle étant de nommer "sport" toute activité physique de loisir, il nous paraît nécessaire de préciser avant tout ce que l’on entend par ce terme. Il vient du vieux français "desport" qui, d’après Alain Rey, (L’Équipe magazine), signifie "Tourner ailleurs ses préoccupations, se consacrer à quelque chose d’accessoire, qui n’est ni vital ni essentiel". Il s’agit donc d’un jeu, d’un amusement, d’un loisir. Selon une définition plus moderne, il est question de "tout genre d’activité physique ayant pour but la réalisation d’une performance et dont l’exécution repose essentiellement sur l’idée de lutte contre un élément défini : une distance, une durée, un obstacle, une difficulté matérielle, un animal, un adversaire". (Georges Herbert, Le sport contre l’éducation physique, 1946).
J. M. Brohm en précise le sens actuel dans son ouvrage Sociologie politique du sport : "Le sport est un système institutionnalisé de pratiques compétitives, à dominante physique, délimitées, codifiées, réglées conventionnellement dont l’objectif avoué est, sur la base d’une comparaison de performances, d’exploits, de démonstrations, de prestations physiques, de désigner le meilleur concurrent (le champion) ou d’enregistrer la meilleure performance". Cela implique donc entraînement, compétition et mesure des performances.
Qu’il marche ou courre, se déplace à dos d’animal, à l’aide de matériel motorisé ou non, l’homme, immanquablement, fera un sport de ces moyens de locomotion. Il en mesurera le temps et/ou la distance, en évaluera pour certains – ski, patinage… - la valeur artistique à l’aide de critères qu’il rationalisera peu à peu afin d’en ôter tant que faire se peut tout caractère subjectif.
La bicyclette, vélocipède ou bicycle
On note qu’au XIXe siècle, à Pau plus précisément, dès qu’il est nécessaire pour telle ou telle pratique de disposer de matériel, monture ou engin – de la paire de skis à l’avion en passant par le cheval, la bicyclette ou l’automobile – apparaît une ségrégation financière, donc sociale. La pratique de la plupart des sports qui firent la réputation de la ville nécessite en effet d’abord un apprentissage depuis le plus jeune âge, du temps seulement largement accordé à une "élite" oisive bénéficiant de larges revenus, d’importants moyens financiers puisqu’il faut acheter et entretenir chevaux ou véhicules, rémunérer le personnel qui en est chargé, disposer enfin de locaux et d’équipements coûteux. Il en est notamment ainsi pour la bicyclette, alors appelée vélocipède ou bicycle, dont, au tout début, le prix élevé exclut toute pratique populaire, en réservant localement l’usage à la société étrangère en villégiature, britannique notamment.
Seule la lente baisse du prix de ces véhicules en permettra peu à peu la démocratisation qui s’accentua avec le succès du premier Tour de France en 1903. Simple moyen de locomotion, la bicyclette va devenir un sport pour la bourgeoisie paloise dès la création, le 7 octobre 1881, sur l’initiative de MM. Sarradon et Couget, d’un Cercle de vélocipédistes. Son siège est situé au café Gil, 1 rue Bayard. Puis ce Cercle deviendra le Véloce-Club Béarnais. À leurs côtés, dès la première heure, figurent MM. Brugnot, Burgay, Castéra, Poey, Probst, Suberbie et Viviez. La première séance officielle se tient le 14 octobre pour l’élection du bureau dont le président sera M. Probst, le trésorier M. Sarradon et le secrétaire M. Couget. Par la suite, le capitaine Annesley est nommé président et M. Burgay secrétaire. Un oubli ou une négligence des dirigeants du club fera longtemps croire que le VCB a été fondé en mars 1883. Ceci s’explique par le fait que les archives, se fondant sur les seuls documents officiels, ont retenu l’année de la déclaration en préfecture de la fondation de l’association. Il s’avère que ce club auquel appartiennent quelques Anglais, est d’abord palois et bourgeois. Si la cotisation de 12 francs pour les hommes et de 8 pour les dames est relativement peu élevée, mais représentant cependant le salaire de plusieurs journées d’un ouvrier, le prix du vélo à lui seul exclut le petit peuple. Par ailleurs, comme nous l’avons noté pour le golf, l’admission ne se fait que par le système du double parrainage avec vote secret et possibilité de rejet de la candidature.
Peut-être par imitation des pratiques d’une société de laquelle ils se sentent exclus ?
Du 1er août 1885 date le premier numéro mensuel du Bulletin officiel du Véloce-Club Béarnais. En raison de la Grande Guerre, il est décidé par le Comité de cesser sa parution à partir de celui du mois d’août 1914 et de ne plus faire paraître qu’un numéro par an, le 1er janvier. Donc, de 1915 à 1923, soit du numéro 349 au 357, ne parait que le Bulletin de janvier. Il nous informe à la fois de la naissance du club, de son passé, de ses activités et de son programme. Son contenu évolue en partie selon les circonstances : les problèmes rencontrés par le club, ses projets et ses réalisations de pistes ou de bâtiments, ses déménagements, ses emprunts... Il fournit régulièrement le nom des nouveaux admis et la liste de ses membres inscrits au 31 décembre de l’année précédente. Dans chaque revue, il informe en outre ses abonnés des convocations pour les assemblées, annonce les dates et les programmes des "Promenades officielles", les diverses compétitions, donne les comptes rendus des diverses réunions, des sorties et des courses.
Les règles et la circulation
Lorsque, dans le courant du XIXe siècle, apparaissent ces nouveaux moyens de locomotion circulant dans les rues que sont vélocipèdes, automobiles et tramways, naissent d’inattendus problèmes de circulation.
Il devient donc nécessaire, afin d’établir une supportable et paisible cohabitation entre ces nouveaux venus sur les rues et les routes, les véhicules hippomobiles et les piétons, de fixer des règles qui le permettent.
On pense aux trottinettes très contestées dans nos agglomérations actuelles… Cela se fera au niveau départemental par le truchement des préfets et, au niveau national, par le vote de lois publiées au Journal Officiel. La revue se fait donc l’écho des problèmes que l’on rencontre à bicyclette en ville et sur les routes que fréquentent ses membres. Elle émet des vœux et des suggestions pour en rendre l’usage sûr et agréable, ne manquant pas, à l’occasion, de se plaindre auprès des autorités de l’état de certaines chaussées. Elle rend aussi compte des lois et des règlements qui concourent à une plus grande sécurité et donne son avis à leur propos. Par exemple, un arrêté du maire daté du 3 septembre 1896 interdit la circulation des vélocipèdes place Royale, boulevard du Midi, sur la Haute-Plante, les allées et les trottoirs longeant la place des Écoles, les boulevards des Pyrénées, d’Alsace-Lorraine et Barbalat, les avenues de la Gare et du Bois-Louis, les routes de Bayonne, de Bordeaux et de Tarbes, l’avenue Porteneuve, le chemin conduisant aux allées de Morlaàs et les allées du Jardin Public. En outre, il interdit formellement de circuler sur les allées de Morlaàs les dimanches et jours fériés de midi à 7 heures. Le 19 juin 1894, un nouvel arrêté indique que les cyclistes "doivent user aux tournants d’un grelot ou d’une clochette suffisamment sonore pour avertir de leur présence à une distance de 50 mètres au moins". La circulation est interdite sur les allées de Morlaàs de 6 heures à 1 heure et demie.
En 1896, le Bulletin fait état d’un rappel du préfet de la Seine à propos de l’appareil sonore, de l’éclairage et de l’allure de déplacement. Il ajoute qu’il est interdit de rouler en groupe, de couper cortèges, convois et troupes en marche. Il précise ce qui doit être entendu par "allure modérée" : on doit pouvoir s’arrêter dans les 4 à 5 mètres, ce qui signifie qu’on ne doit pas rouler à plus de 10 km/h en ligne droite, à 8 aux carrefours et dans les tournants. Toute course sur la voie publique est interdite. Il est obligatoire de tenir sa droite en croisant tout véhicule et sa gauche pour dépasser. "Les conducteurs de voitures et les cavaliers devront se ranger à leur droite à l’approche d’un vélocipède, de manière à lui laisser libre un espace utilisable d’au moins 1,50 m de largeur". Le 10 décembre 1898, le Journal Officiel indique qu’à compter du 1er mai 1899
il sera obligatoire de fixer sur le tube de direction une plaque de contrôle métallique d’un modèle déposé sur laquelle sont apposés un poinçon et le millésime de l’année en cours. Elle sera délivrée gratuitement
"par le percepteur au vu du récépissé de la déclaration prescrite par l’article 12 de la loi du 28 avril 1893". Cette même loi fixe le paiement d’une taxe annuelle de 10 francs, même dans le cas où le véhicule aurait été acheté en cours d’année. En l’absence de déclaration, cette taxe sera doublée. Une baisse est accordée à compter du 1er janvier 1899, la fixant à 6 francs pour un véhicule à une place, 12 pour un véhicule à deux places, 12 ou 24 selon le nombre de places pour les "vélocipèdes munis d’une machine motrice". Elle sera perçue à compter du 1er janvier 1899. Dernier arrêté et loi dont nous faisons état, le 28 octobre 1901, le Bulletin informe ses lecteurs de l’obligation qui est faite de fixer sur son bicycle une corne d’appel, une lanterne ou un falot et une plaque indiquant le nom et le domicile de son propriétaire.
Les cyclistes sont tenus de circuler à droite, il leur est interdit de rouler de front et d’emprunter les trottoirs, même la bicyclette à la main. Ils devront se déplacer à "une allure modérée" et corner avant d’aborder un tournant. Les allées et promenades sont réservées aux piétons. Tout non respect de ces injonctions sera sanctionné par un procès-verbal et des poursuites devant un tribunal.
Avant que le Bulletin offre cette mine de renseignements sur le club, ses membres et ses activités, la "presse mondaine" comme la nomment les Annuaires des Basses-Pyrénées, parle parfois du Véloce-Club, mais bien moins qu’elle ne le fait pour des sports à ses yeux infiniment plus importants que sont le cheval, le golf et la chasse au renard. Ainsi, Le Journal des Étrangers du 31 octobre 1883 nous parle-t-il du nouveau vélodrome du Véloce-Club Béarnais à proximité des "pelouses pour les jeux des étrangers". Le 14 novembre suivant, il fait état des réunions mensuelles du club. Nous apprenons aussi que des courses de tricycles et bicycles sont organisées sur l’allée sud de la Haute-Plante. Fin mars 1884, il nous informe qu’a lieu un championnat de "bicycles et tricycles" au même endroit (ibid., 2 avril). Puis, le dimanche 6 avril est organisée une course de fond de 48 km, Pau-Soumoulou aller retour deux fois, à laquelle participent notamment sept Anglaises montant des tricycles. Le 12 novembre suivant, ce même journal fait part de l’élection d’un nouveau président, le baron Séguier, et d’un effectif de 129 sociétaires. Celui-ci apparaît très variable d’après les listes publiées régulièrement dans la revue : 42 en 1883, puis une hausse régulière jusqu’en1892 avec 397 noms, jusqu’à 437 en 1894 avant une certaine érosion par la suite. Le dernier chiffre que nous possédons indique 668 membres en 1922.
Les parcours à vélo
Cependant, ce sport n’ayant pas le prestige des sports mondains, la majorité de ses membres sont des autochtones et plutôt spectateurs. Les rares Anglais "n’appartiennent pas à l’élite de la colonie étrangère ; ce sont des gens aisés, mais qui exercent une profession à Pau".
(D. Décamps, La vie sportive à Pa de 1900 à 1920, Thèse de 3e cycle, Pau 1979.)
Les Palois sont rentiers, médecins, artisans et peu sportifs, comme les présidents successifs, le baron Séguier, MM. d’Iriart d’Etchepare, Poyarré et Burgay. "La bourgeoisie paloise aurait choisi le sport comme prétexte à la formation d’un club où elle se sente chez elle" (ibid). Cependant, le fait que les membres se réunissent dans le salon du chalet (dont nous parlerons plus loin) pour y jouer à des jeux de société et y lire des revues ayant trait au cyclisme n’est pas la marque d’une fréquentation particulièrement populaire.
Grâce à la parution du Bulletin, nous pouvons mesurer la variété et la richesse des activités habituelles du club. Des "Promenades officielles" sont organisées mensuellement, annoncées et bénéficiant d’un compte-rendu dans le numéro suivant. G.C. écrit dans le Bulletin n°3 d’octobre 1885 : "N’est-ce point un vrai bonheur que d’être réunis camarades et amis, vélocipédant côte à côte, dévorant l’espace, se racontant les incidents gais de la semaine, respirant à pleins poumons l’air vivifiant de notre beau pays" ?
Ces sorties donnent aux membres du VCB l’occasion de parcourir le Béarn et, par des itinéraires différents lorsqu’on se rend au même endroit, de traverser des dizaines de villages, allant même jusqu’à Bedous et Bagnères-de-Bigorre, Tarbes et Saint-Palais… Il ne s’agit pas à proprement parler de "sport" puisqu’il n’y a nulle compétition ; aujourd’hui, on parlerait plutôt de sorties à "bicyclette" et pas à "vélo"...
C’est une forme de tourisme sous la direction d’un "capitaine de route", l’allure maximum étant de 14 km/h. Les participants s’engagent à suivre les règles de conduite établies. "Tout membre prenant part au tourisme s’engage à obéir de bonne grâce aux instructions du capitaine de route ; il ne peut dépasser sans autorisation spéciale le capitaine de route ou le lieutenant si ce dernier mène le train" dit le Bulletin n° 118 de mai 1895. Pour les localités voisines – Arzacq, Monein, Betharram, Soumoulou, Lembeye et Lagor – elles réunissent dix à vingt personnes. Pour de plus longs parcours vers des lieux plus lointains – Cauterets, Gabas, Saint-Palais, Bagnères… - on prend le train et loge à l’hôtel. Pour Cauterets par exemple, on se rend de Pau à Lourdes en train, puis à bicyclette de Lourdes à Pierrefitte et, de là, on emprunte le tramway pour atteindre Cauterets. La Promenade Officielle des 15 et 16 juin 1901 pour Saint-Jean-Pied-de-Port voit le groupe prendre le train pour Saint-Palais, parcourir les 15 km le séparant du village de Larcebeau, puis les 15,5 km vers Saint-Jean-Pied-de-Port à bicyclette. Après la visite de la localité, les 35 km pour se rendre à Cambo sont parcourus en passant par Bidarray et Itxassou. Le lendemain, le groupe ira de Cambo à Bayonne par Ustaritz. Ces sorties, qui sont l’occasion de faire de bons repas, reviennent donc assez cher et interdisent une participation réellement populaire.
Avec le début de la démocratisation de la bicyclette, considérée alors comme simple moyen de locomotion, disparaît le goût de la nouveauté qui explique en partie l’engouement des premiers temps. H. Petit, dans le numéro 489 de La Vie au Grand Air du 1er février 1908, explique cette évolution en ces termes : "À l’époque où une machine coûtait huit cents francs, les snobs seuls s’en servaient. (…) Plus tard, on s’aperçut que la bicyclette était un merveilleux instrument de promenade et de tourisme. (...) Puis, petit à petit, les prix baissèrent, les premières machines démocratiques virent le jour, encore accueillies avec une certaine défiance par les travailleurs à qui elles étaient destinées. (…) Quelques années plus tard (…) la bicyclette était devenue un instrument de première nécessité, et, par conséquent, se voyait abandonnée de la classe riche, qui entrevoyait déjà l’automobile". Le nombre de membres du VCB diminue donc, passant à 138 en 1901. Devant cette nouvelle popularité du bicycle, des bourgeois, fuyant une promiscuité qu’ils jugent inconvenante, quittent le club. Mais le vélocipède coûtant toujours trop cher, on ne peut encore parler d’une pratique populaire qui se développera plus tardivement.
Dans le semblable objectif de réaliser des sorties touristiques, des Excursions et Voyages au départ de Pau sont régulièrement organisés, notamment pour Bagnères, Bayonne, Gavarnie, Perpignan, Orthez, Peyrehorade, Eaux-Bonnes, Sauveterre, Saint-Christau et la vallée d’Aspe.
Le vélodrome de Pau
En 1886 naît le projet d’implanter un vélodrome à l’angle nord-est du parc Beaumont, "limité par le chemin de Batsalle, la rue Barbalat [boulevard Barbanègre actuel], l’allée des voitures et la rigole (…) au fond d‘une dépression de terrain ayant environ 0,80 m de profondeur et 15 m de largeur moyenne".
(Archives communautaires, 1H1/13).
La demande de concession est acceptée par le Conseil municipal du 19 février car "les courses obtiennent chaque année un plus grand concours d’amateurs et offrent à la ville des avantages toujours croissants".
(Archives communautaires, 1D1/33).
Cependant, cette concession gratuite – 3 francs par an seront toutefois demandés le 18 mars 1890 - ne l’est qu’à titre précaire et sa résiliation éventuelle, dans le cas où la municipalité en exprimerait le désir, ne donnera pas lieu à un dédommagement. Le prix de la réalisation d’un mètre de piste est évalué à 4,67 francs. La construction reviendrait entre 1 500 et 1 996 francs car il faut établir deux ponceaux. Afin de se procurer la somme nécessaire, le club lance une souscription de 50 francs au minimum par personne qui rapporte 2 350 francs. Les travaux débutent en mai et de nombreux problèmes surviennent, qui sont énumérés dans le Bulletin de décembre 1886.
La piste, de forme elliptique, mesure 356 m. À l’époque, le VCB est le seul club de province doté d’une piste à virages relevés. Sous le mandat de M. Vigné, maire, celle-ci est tracée par M. Lalheugue sur un terrain marécageux au nord-est du parc appelé "parc aux huîtres". Elle est composée de 2 lignes droites de 80 m et de 2 demi circonférences de 30 m de rayon. Sa largeur moyenne est de 7 m, de 9 m du côté de l’arrivée.
À l’ouest, se dresse un chalet dont le rez-de-chaussée abrite le logement du gérant, et le premier étage une grande salle de jeu. Elle est précédée d’une galerie de 2 m de largeur. Le bâtiment est bordé de pelouses ceintes de barrières ; cet espace est réservé aux membres du VCB. Au nord-est s’élève un petit bâtiment pour les coureurs et le cantonnier chargé de l’entretien. À gauche, la construction abrite une petite salle commune et trois loges. À droite, deux pièces servent à entreposer les outils. Derrière, une étable abrite une vache utilisée pour rouler la piste et pour son lait "garanti non coupé". Le nord et l’est sont clôturés par un mur, l’ouest et le sud entourés d’une clôture en treillage. Pour entretenir cette piste, il est nécessaire de disposer de beaucoup d’eau. Plusieurs essais sont donc menés vainement et l’on finit par creuser un puits qui sera muni d’une pompe. Cet endroit sera nommé "la fontaine".
L’installation est inaugurée le 17 avril 1887.
D’octobre à juin, ont lieu des rencontres quasiment quotidiennes. On s’y attaque aux records, on y organise des championnats annuels de vitesse et de fond, des entraînements et des compétitions interclubs.
Des engins de toutes sortes y sont utilisés : tandems, quadruplettes, tricycles à pétrole chevauchés par des entraîneurs. (D. Décamps, op. cit).
Ces multiples courses, ouvertes aux amateurs comme à des compétiteurs qui le sont moins, offrent entre trois et six épreuves à chaque fois. Le Bulletin numéro 73 d’août 1891 précise que "les courses auront lieu quelque temps qu’il fasse". Annuellement, depuis 1891 est aussi organisé jusqu’à la guerre le brevet militaire des 100 km sur le parcours Pau – Puyoo et retour. Puis, en 1894, l’épreuve se déroule de Pau à Pontacq
aller-retour deux fois avant d’être organisée sur la piste en 1897.
Depuis 1887, le vélodrome du parc Beaumont accueille aussi des courses internationales : le 9 octobre, Handicap pour bicycles, Juniors sur bicycles et tricycles, International et Honneur sur les mêmes engins.
Des prix en argent allant de 40 à 100 francs sont offerts aux trois premiers de chaque épreuve, sauf pour la course Honneur dont le vainqueur se voit récompensé d’une œuvre d’art. Notons en outre une course internationale de Charité le 12 février 1888… Ces épreuves, conçues aussi comme des spectacles, s’accompagnent souvent de réjouissances et d’autres joutes sportives à visées essentiellement récréatives : courses à pied, à échasses, en sac, des mâts de cocagne, des défis entre cheval et vélo…
(D. Décamps op. cit).
En 1893, la situation du club est considérée comme provisoire en raison du projet Alphand qui fait mention du tracé d’une voie traversant le vélodrome qui obligerait le VCB à un déménagement. Il est cependant prévu un nouveau chalet par M. Cargill, architecte de l’École des Beaux-Arts. Il serait accompagné d’un nouveau bâtiment à côté de la fontaine. Il comprendrait une salle commune, deux vestiaires et une salle de douches. En 1897, on se demande s’il ne faudra pas quitter le parc Beaumont en raison des projets concernant sa réfection et de la construction d’un casino (le Palais d’Hiver). L’élargissement du boulevard Barbalat décidé par la municipalité entraînera un déplacement vers le sud car le virage nord sera amputé. En 1898, le projet d’aménagement du parc Beaumont en Jardin Public englobera le vélodrome, une partie des terrains annexes et des terrains vagues au nord. Il est aussi prévu de tracer une allée carrossable de
1 350 m faisant le tour du parc. Finalement, le 13 novembre 1898, le VCB est mis en demeure de déménager du parc Beaumont.
(Archives communautaires, 1N1/13).
Le 29 juin 1900, le président, M. d’Iriart d’Etchepare, demande la concession d’un espace au Parc de la Gare pour y transférer le vélodrome. Le Conseil municipal du 25 janvier 1901 présidé par le maire,
Henry Faisans, accorde l’autorisation pour la création entre l’avenue Léon-Say et le Bois-Louis d’une piste, d’un chalet, de terrains de tennis, de boules, de croquet, d’autres jeux de plein air et d’un garage pour automobiles pour 30 ans à compter du 1er juillet .
(Archives communautaires, 1D1/38).
" (…) cet emplacement un peu délaissé jusqu’à ce jour deviendra un centre d’attractions et contribuera à conserver à notre Ville son bon renom au point de vue sportif". (Ibid). À l’issue de la convention venant à terme le 30 juin 1931, il y aura "retour à la Ville qui deviendra sans indemnité propriétaire de tous les bâtiments, des plantations et des installations ayant nature d’immeubles". (Ibid.) Il est en outre stipulé que le complexe doit être mis gratuitement à la disposition des écoles de la ville deux fois par semaine.
Le Conseil municipal du 21 janvier décide que la terre issue de l’excavation du Palais d’Hiver sera transportée au Parc de la Gare dans la partie réservée au VCB.
Il est prévu une piste de terre de 350 m sur 7,50 aux virages relevés, des courts de tennis, des terrains de croquet, de boules et de skating. Le Bulletin informe ses adhérents que la dépense s’est montée à
24 046,45 francs dont 1 337,10 pour la piste. Un emprunt est contracté qui sera remboursé de 1902 à 1929. Un chalet est construit par M. François Campagne-Lafitte selon les plans de M. Noutary et coûte
24 000 francs, somme réunie par souscription. Sa première pierre est posée le 27 mai 1901 et il est inauguré le 20 juillet de l’année suivante par le maire, Henry Faisans. L’édifice comprend à l’étage un grand salon, une bibliothèque-salon de lecture et un petit salon pour les dames ; le rez-de-chaussée abrite le logement du concierge, une salle d’escrime et de gymnastique suédoise (Pau Gazette du 9 novembre 1902).
Le parc offre alors deux courts de tennis, deux terrains de croquet et un de boules. La piste de terre mesure 400 m. Le journal se réjouit du fait que "Pau possède aujourd’hui un vélodrome des plus gracieux et des plus beaux de France. Son chalet, un bijou de moderne style dû au talent de M. Noutary, architecte, est des mieux aménagé". (Ibid). Il devient, avec ses terrains attenants, un lieu de réunion et de détente pour les quelques centaines de membres inscrits en 1905. Cette année-là, les virage sont relevés et la piste goudronnée. Les courses attirent les champions français et étrangers ce qui, comme pour les concours hippiques, dissuade les sociétaires autochtones de concourir. "L’enthousiasme est retombé" et, pour la plupart des membres du club, l’on se contente d’organiser des excursions.
(D. Décamps, op. cit.)
Le vélo se démocratise
En 1905, il est décidé, sur l’exemple de bon nombre de communes et de régions de France, de créer à Pau une "Section des Audax français". Il s’agit de parcourir 200 km à l’issue desquels le journal sportif L’Auto décerne une médaille très convoitée. La première sortie officielle est prévue pour le 18 juin sur le parcours Pau – Dax – Saint-Geours-de-Maremne – Biarrote – Puyoo – Orthez et Pau.
Des sorties d’entraînement préparatoire sont organisées avant le départ qui sera donné le 17 juin à minuit. L’épreuve réunit 14 concurrents qui rallieront tous l’arrivée. Mais cela ne se passe pas sans encombre puisqu’on apprend l’existence d’un projet ourdi par quelques trublions qui ont l’intention de semer des clous sur la chaussée à proximité du lieu de départ. Cela exige un changement d’itinéraire : on partira de la route de Bayonne au lieu du tournant Lartigue sur les hauts de Lescar. L’épopée sera marquée par nombre de crevaisons et de pannes. Un arrêt de 20 minutes, vers 10 heures, est marqué à Peyrehorade, puis on s’arrête à Orthez pour le déjeuner suivi d’une sieste. On repart vers 4 heures pour arriver sur le vélodrome après
18 heures de route. Le nom des 14 courageux qui ont bien mérité leur médaille est cité, retenons ceux des trois premiers : MM. Boucau, Fourcade et Isaure.
Il faut attendre les années 1910 pour que la baisse du prix des bicyclettes popularise la pratique de ce sport dont le côté spectaculaire n’a jamais lassé un public toujours aussi nombreux enthousiasmé, nous l’avons dit, par le Tour de France depuis 1903. Des leçons gratuites sont données aux allées de Morlaàs et place Duplaa. Pour l’apprentissage de l’usage du vélo, un vélodrome couvert fonctionne 2 place Gramont.
Et le nombre des marchands de cycle augmente encore : les annuaires régionaux des Basses-Pyrénées font état de 10 marchands de cycles en 1906 et de 13 en 1908, tous membres du VCB à un moment ou à un autre. Parmi eux, MM. J. Apprato dont la boutique est située au 16 rue Montpensier, et Obin, dont les magasins sont au 3 puis aux 9 et 11 rue Bernadotte, font régulièrement et successivement paraître leur publicité en première page du Bulletin. Leur nombre passera à 15 en 1914 parmi lesquels certains organisent des courses sur route. Des clubs populaires sont fondés en 1910 et siègent dans des cafés : l’Union Sportive paloise, le Cyclo-Club Palois et le Club Sportif Palois qui disparaissent dans l’année en raison de la concurrence. L’année suivante naît l’Union Cycliste Paloise qui loue une piste délaissée par le VCB. Plus démocratique que ce dernier, elle organise des épreuves de toutes sortes (courses sur route, cross, interclubs, américaines de six heures, brevet militaire des 50 Km…) ainsi que des sorties touristiques.
La fréquentation alors réellement populaire ne plaît pas à tout le monde, provoquant l’ire municipale : " Leur tenue et surtout leur langage, ont été souvent incorrects, ce qui offre des inconvénients sérieux à cause de la proximité de jeunes filles, des enfants et des dames qui fréquentent les terrains de jeux".
(Bulletin municipal de septembre 1912, in D. Décamps, op. cit).
En 1914, le VCB organise un brevet militaire d’éclaireur cycliste. Le dimanche 24 mai, les candidats doivent passer les épreuves suivantes :
- Tir à 200 m avec un fusil Lebel sur des cibles de 80 cm marquées en 10 zones étalonnées de 1 à 10 points. (Notons avec étonnement qu’un candidat peut être admis alors qu’il n’a mis qu’une seule balle dans la cible…)
- Reconnaissance à bicyclette sur un parcours de 30 à 50 km à 12 km/h de moyenne au minimum.
- Un course cycliste sur route de 40 à 50 km dont les derniers 1 000 ou 1 500 m doivent être parcourus à pied, le vélo à la main. La vitesse moyenne doit être au minimum de 18 km/h.
Jusqu’à la guerre, le sport cycliste est en vogue à Pau et réunit bon nombre de pratiquants et de spectateurs. Dès la déclaration de guerre, il semble que les activités se soient considérablement ralenties (contrairement à celles du club de croquet qui voit ses activités augmenter.) Après la paix, le vélodrome n’est plus exploité et les revenus du VCB lui sont uniquement fournis par la pratique du tennis et du croquet. On peut en effet toujours pratiquer ces sports pour respectivement 0,50 franc et 0,20 de l’heure. Le club se voit supprimer son allocation municipale de 600 francs puisqu’il n’est pas reconnu d’utilité publique.
En 1931, par une lettre du 25 juin adressée au maire, le VCB demande la prolongation de la concession arrivant à terme. Mais le Cyclo-Club Béarnais dépose le 27 sa candidature à la concession et réitère cette demande en 1935 pour 25 ans. Dans une lettre du 25 janvier 1935, le VCB écrit : "Il en résulte que les ressources de la Société sont en grande partie épuisées et qu’elle est par conséquent dans l’impossibilité de continuer à gérer le vélodrome.
Avec tous nos regrets de voir disparaître une Société vieille de plus de 50 ans".
(Archives communautaires, 1M7/3).
Ainsi disparaît le VCB, sans garantie de la municipalité puisqu’il n’est pas reconnu d’utilité publique. Il n’est donc en rien assuré de continuer à bénéficier de la disposition du vélodrome. En effet, le Conseil municipal du 13 octobre 1936 en accorde la concession au Cyclo-Club Béarnais pour 25 ans aux fins de reconstruction. Mais la municipalité ne peut légalement donner sa garantie à l’emprunt demandé car le club n’est pas lui non plus reconnu d’utilité publique. Une convention en 18 articles accordée par le Conseil municipal du 29 mars 1938 est reconnue par arrêté préfectoral du 15 avril 1938.
Le Cyclisme
Texte de Alain Laplace
1903 : Le Palois, Louis d’Iriart d’Echepare, né le 24 juillet, homme politique (maire de Pau de 1925 à 1927) et avocat de profession, est nommé président de l’Union vélocipédique de France.
Cette même année est organisé le premier Tour de France par le journal l’Auto dont Henri Desgrange est le directeur. A cet égard, il est à noter la participation du Béarnais Dortignacq, originaire d’Arudy, sur un vélo de marque Elvish, fabriqué à Pau. Cette première édition est remportée par le Français Maurice Garin.
Le Tour, quand Pau n’était pas encore ville-étape
1906 : étape Toulouse-Bayonne : le Tour passe pour la première fois à Pau.
1909 : étape Toulouse-Bayonne, le contrôle au passage des coureurs est assuré à Pau, plus précisément au garage Labesque, place Gramont.
1910 : Dans ces premières éditions, la haute montagne n’est pas encore inscrite au programme du Tour. Il faut attendre l’année 1910, sur l’initiative de Alphonse Steinès, un des plus proches collaborateurs d’Henri Desgrange, pour voir se dessiner deux étapes dans le massif des Pyrénées : Perpignan-Luchon (289 kilomètres) et Luchon-Bayonne (326 kilomètres). Lors de celle-ci, les cols du Peyresourde, d’Aspin, du Tourmalet, du Soulor et de l’Aubisque sont franchis. La presse parle alors, pour décrire cet enchainement de difficultés, de « Cercle de la mort », faisant entrer par ses commentaires, cette étape pyrénéenne dans la légende du Tour de France. Le Français Octave Lapize remporte cette année-là, les deux étapes pyrénéennes et par la même le Tour. Toutefois, dans le Tourmalet, mettant pied à terre, épuisé, il déclare à un journaliste présent et témoin de la scène ; « Vous êtes tous des criminels ! Allez le dire à Desgrange » !
Ce brillant coureur trouvera la mort lors de la première guerre mondiale, tout comme deux autres vainqueurs du Tour : le Français Lucien Mazan, plus connu sous le nom de Petit-Breton et le Luxembourgeois François Faber.
19I3 : Le 9 juillet, le Français, Eugène Christophe, entre dans la légende du Tour. Victime d’un bris de la fourche de son vélo dans la descente du Tourmalet, il redescend à pied le col jusqu’à Sainte-Marie-de-Campan où, dans une forge, et selon le règlement de l’époque, il répare lui-même son matériel. Puis il repart et arrive à Luchon avec un retard de près de 4 heures sur le vainqueur du jour, le Belge Philippe Thys. Celui-ci remportant également le Tour cette année-là.
1919 : Eugène Christophe, surnommé désormais le « Vieux Gaulois » est le premier coureur du Tour a porté le maillot de couleur jaune, à l’image des pages du journal l’Auto, mais aussi marqué par les initiales HD, à l’effigie de son directeur, Henri Desgrange. Ce maillot distinctif désigne désormais le leader du classement général au temps, challenge créé, justement, par Henri Desgrange.
1928 et 1929 : Le Nayais, mais d’origine paloise, Victor Fontan, créateur des cycles Elvish, remporte en 1928 l’étape Hendaye-Luchon. L’année suivante, il termine deuxième de cette même étape, laissant la victoire à son équipier, l’Espagnol Salvador Cardona. A l’issue de cette étape, Fontan s’empare toutefois du maillot jaune. Malheureusement, le lendemain, sur la route entre Luchon et Perpignan, Fontan casse la fourche de son vélo et est contraint à l’abandon.
Pau devient une véritable Ville-Etape
1930 : L’année 1930 marque un virage important dans l’évolution du Tour de France. Celui-ci se déroule désormais par équipes nationales : la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne sont représentées, auxquelles se rajoutent la participation de coureurs individuels, appelés les « touristes-routiers ». Par ailleurs, tous les concurrents disputant le Tour sont équipés de vélo à l’identique, de couleur jaune, de marque Elvish et fournis par l’organisation.
Enfin, la fameuse étape Bayonne-Luchon est supprimée et scindée en deux : Hendaye-Pau et Pau-Luchon.
Pour cette première arrivée à Pau située rue de Liège, l’étape longue de 146 kilomètres est remportée par l’Italien Alfredo Binda, alors que le maillot jaune est porté par son compatriote Guerra.
Le début des années trente est marqué par la force collective de l’équipe de France : Fontan, Leducq, Archambaud, Magne, Pélissier, Speicher, Lapébie, Vietto… A ce propos, en 1931, Charles Pélissier s’impose à Pau et prend le maillot jaune. Les trois années suivantes, Leducq, Speicher, Magne, se trouvent en position de leader à Pau, même si la victoire d’étape revient à Ronsse (1932), Guerra (1933) et Vietto (1934).
1932 : L’occasion pour les organisateurs du Tour de créer une nouvelle étape dans le Sud-Ouest : Bordeaux-Pau, avec la traversée des Landes. Un parcours plat, mais couru sous une forte chaleur qui permet au solide Belge Georges Ronsse d’inscrire son nom au palmarès.
1933 : Encore et toujours des innovations, avec la création du Grand Prix de la Montagne, dont l’Espagnol, Vicente Trueba, est le premier lauréat
1934 : Victoire de René Vietto de l’étape Tarbes-Pau (91 kilomètres).
A l’âge de 20 ans, René Vietto, originaire de Cannes, devient l’enfant prodige du cyclisme français. De la race des supers grimpeurs, mais aussi intrépide dans les descentes, il se révèle aux yeux du grand public dans la traversée des Alpes, puis dans les Pyrénées, notamment dans l’étape Ax-les-Thermes-Luchon. Ainsi et alors qu’il caracolle en tête, il n’hésite pas à faire demi-tour pour venir en aide à son leader Antonin Magne, victime de graves ennuis mécaniques dans la descente du Portet d’Aspet. Il offre alors son vélo à son chef de file, permettant par ce geste à celui-ci de sauver le maillot jaune de leader. Cet épisode de course fait l’objet de nombreux reportages et est immortalisé par une photo, montrant Vietto, assis sur un parapet, pleurant ses illusions perdues en attendant que l’on vienne le dépanner.
Le lendemain, juste raison des choses, dans l’étape Tarbes-Pau, il est autorisé à défendre ses chances personnelles. Il s’envole dans le col du Soulor, poursuit sa fugue dans l’Aubisque et triomphe en solitaire à Pau. Le public palois lui fait une ovation. En ce mois du juillet, Réné Vietto devient une véritable vedette nationale.
1935 et 1936 : Les Belges Romain et Sylvère Maes se distinguent.
Romain Maes remporte le Tour en 1935 à l’âge de 23 ans, après avoir porté le maillot jaune de la première à la dernière étape. Lors de cette édition, la victoire à Pau revient toutefois à l’Italien Morelli. L’année suivante son homonyme, Sylvère Maes s’impose à Paris après avoir gagné l’étape Luchon-Pau, le jour de son 29 ème anniversaire, après être passé seul en tête les cols du Tourmalet et de l’Aubisque avec le maillot jaune sur le dos.
1937 : Nouveau chambardement avec l’autorisation d’utiliser l’emploi du dérailleur.
Cet apport technique va transformer la manière de disputer le Tour et permettre à certains concurrents, pas vraiment grimpeurs, de tirer leur épingle du jeu. C’est le cas du Bordelais Roger Lapébie qui, cette année-là, dans la grande étape pyrénéenne, terminant deuxième à Pau à une quarantaine de secondes de l‘Espagnol Berrendero, remportera au final et après maints péripéties, le Tour.
1938 : Cette année-là les deux champions français, Antonin Magne et André Leducq, disputent leur dernier Tour de France. A ce propos, Leducq, véritable athlète du vélo et détenteur du record de victoires sur le Tour (vingt-cinq sur onze participations) conquiert un nouveau maillot jaune, à l’issue de l’étape Bayonne-Pau. Il devra s’incliner toutefois devant Gino Bartali, futur « campionissimo » et grimpeur homérique qui s’illustrera dans la traversée des Pyrénées puis des Alpes.
1939 : le dernier Tour avant la guerre.
La déclaration de la guerre est toute proche, néanmoins le départ du Tour se tient à la date prévue. Cependant les équipes d’Allemagne, d’Italie et d’Espagne sont absentes, remplacées en l’occurence par quatre formations régionales françaises.
A Pau, René Vietto prend le maillot jaune au terme d’un contre la montre entre Salies et Pau, long de 68,5 kilomètres. A cette occasion, il termine deuxième de l’étape et est devancé par le suisse Litschi. A l’issue de ce Tour, Vietto doit s’incliner face au Belge Sylvère Maes, après une bataille féroce entre ces deux hommes, notamment dans la traversée des Alpes.
A la fin de ces années trente, le Tour est devenu une grande épreuve populaire déplaçant de nombreuses foules sur le bord des routes et sur les sites d’arrivée. L’obtention de deux semaines de congés payés, acquis en 1936, permettant aux salariés de se déplacer en masse, n’est pas étrangère à cet état de fait. Malheureusement cet enthousiasme collectif est interrompu par la déclaration de la guerre, en aôut 1939.
Il faudra attendre huit longues années pour que la « Grande Boucle » renaisse de ses cendres.
Le Cyclo Club Béarnais
Texte de Yves Coup
L'ancêtre du CCB fut le VELOCE CLUB BEARNAIS (V.C.B) créé en 1885
Ce club comportait :
- Une commission TOURISME qui était chargée d'organiser des sorties Promenade de 80 à 100 kilomètres dans la journée et des Excursions de plus de 100 kilomètres sur plusieurs jours.
- Une commission SPORTIVE organisatrice de courses de vélocipèdes (à l'époque on ne disait pas encore bicyclette) sur le vélodrome du Parc Beaumont à PAU.
En 1926 reprise des activités sportives du VCB dans une nouvelle structure qui sera le Cyclo Club Béarnais.
Créé en 1933, le Cyclo Club Béarnais est un des plus anciens clubs de la Fédération Française de Cyclotourisme.
Années 1946 à 1950
De juin à septembre, le Raid Pyrénéen, créé en 1950, est une randonnée permanente qui attire chaque année plus de 300 cyclotouristes pour une traversée du massif pyrénéen entre Hendaye et Cerbère (ou Cerbère et Hendaye) par des cols prestigieux et d'autres moins connus.
Le Cyclo Club Béarnais a également créé en 1946 la Randonnée des Cols Pyrénéens (RCP). A l'origine cette randonnée ralliait Luchon à Pau par les cols de Peyresourde, Aspin, Tourmalet, Soulor et Aubisque.
Ces années-là sont à considérer comme faisant partie des plus belles pages de la vie du club ; ce fût une période faste avec 50 membres en 1946, plus de 100 en 1948 et 179 en 1950.
Années 1951 à 1960
A cette période le Cyclotourisme en général et le CCB en particulier subissent un grand coup de "mistral",
les effectifs s’effritent à la vitesse grand "V". A cela deux raisons :
- Après des années de privations, les français retrouvent enfin un cadre de vie plus agréable, plus de confort avec notamment l’arrivée des engins motorisés : vélomoteurs, motos et voitures.
- D’autre part notre club connaît quelques problèmes internes, des dissensions se créent. Les Oloronais, jusqu’ici membres de notre club, créent la section cyclo du Football Club Oloronais, quelques palois quittent aussi le CCB pour créer l ’Avant Garde Sportive Paloise (AGSP) et le Cercle Cyclotouristique Palois (CCP), ou vont s’exiler au Cyclo Camping Landais.
Les effectifs du CCB "fondent comme neige au soleil". Mais les fidèles sont là et maintiennent du mieux qu’ils le peuvent ce club qui leur a tant apporté.
Années 1964 à 1968
C’est en 1967 que la Section Cyclotourisme du C.C.B. décide de devenir un club à part entière et se sépare du club de Course.
Le club se redynamise. Le cyclotourisme relève la tête et donne quelques signes encourageants. Mais ce sont les années 70 qui donneront le "coup d’envoi". On arrive ainsi à 124 en1979.
Années 1976 à 1990
Les "randonnées au long cours" connaîtront une période faste : raids Pyrénéen, Alpin, les Diagonales, les Brevets PARIS-BREST-PARIS et autres.
1996
La R.C.P était celle de son Cinquantenaire ; organisée sur le même parcours que celui de 1946 (de LUCHON à PAU) ; elle a connu un franc succès avec 1098 inscrits et 1030 partants. Depuis, environ 300 inscrits participent régulièrement.
Années 2000
Le club vit toujours ; au fil des années, il compte environ une centaine de membres pour une moyenne d’âge de 60 ans, avec tout ce que cela suppose d’investissement physique difficile aux "activités longues"… raids, brevets divers à travers la France ou ailleurs.
Le cyclisme à Pau après la création du « Cyclo Club Béarnais »
Texte de Alain Laplace
En 1926, à la suite du « Véloce Club Béarnais », est créé à Pau, le « Cyclo Club Béarnais ». Cette association comprend alors deux commissions :
- la commission Tourisme, chargée d’organiser des sorties « Promenade » de 80 à 100 kilomètres dans la journée et des « Excursions » de plus de 100 kilomètres, pouvant s’étaler pour les plus longues sur plusieurs jours.
- la commission sportive, destinée à organiser des courses de vélos sur le vélodromme du stade Tissié à Pau, mais aussi sur des circuits sur route autour de la capitale béarnaise. Ainsi, le Cyclo Club Béarnais, en 1931, organise le « Grand Prix Lapasserie » épreuve portant le nom d’un commerce de vêtements situés dans le centre de ville de Pau, plus précisément place Clémenceau et dont le propriétaire n’est autre que le président de ce même club.
En 1933, le Président du CCB, M Lapasserie, propose de donner une autonomie réelle aux deux sections, en créant deux associations distinctes, l’une affiliée à la Fédération Française de Cyclotourisme, l’autre à la Fédération Française de cyclisme. Cette proposition est acceptée à l’unanimité par ses membres et ainsi apparaît deux entités nouvelles, portant toutes les deux le nom de CCB : l’une destinée à la pratique du cyclotourisme et l’autre orientée vers la compétition.
En matière de cyclisme de compétition, le CCB devient le club majeur en Béarn, attirant en son sein les meilleurs coursiers de cette région. A cette époque on peut citer parmi les plus connus : les frères Autaa, les frères Salles, Coste, Masson, Gomez ou encore les Espagnols, Cardona et Berrandero...
Le Tour à Pau, dans les années qui ont suivi la guerre.
1947 : victoire de Jean Robic en solitaire de l’étape Luchon-Pau (195 kilomètres). Au final, il remportera le classement général à Paris, sans avoir porté le maillot jaune. L’arrivée de l’étape à Pau se situe alors sur l’anneau cyclable de la place de Verdun et à cette occasion, René Vietto est encore porteur du maillot jaune. Ce premier Tour d’après- guerre est désormais organisé par le journal « l’Equipe » dont Jacques Goddet est le directeur.
1948 et 1949 : Le Tour 1948, remporté par Gino Bartali, dit « Gino le Pieux », évite la cité paloise et, en remplacement, se tourne sur la ville de Lourdes. Heureusement en 1949, la « Grande Boucle » fait son retour en Béarn, Ainsi, l’Italien Magni remporte l’étape San Sebastien-Pau et prend à cet effet le maillot jaune. Toutefois le grand triomphateur de ce Tour demeure Fausto Coppi qui s’impose largement au classement général à Paris.
1950 : L’arrivée de l’étape Pau-Bordeaux, fait unique dans les annales, est jugée sur la piste en cendrée du Stade du Hameau dont l’inauguration s’est tenue quelques mois auparavant. La victoire en revient au régional Marcel Dussault, alors que Bernard Gauthier, dit « Monsieur Bordeaux-Paris », membre de l’équipe de France, porte le maillot jaune.
1952 : victoire de Fausto Coppi de l’étape Bagnères-Pau (149 kilomètres). Cette année-là, le champion italien est irrésistible et remporte haut la main son deuxième Tour de France, après avoir gagné un mois auparavant le Giro d’Italie.
1953/1954/ 1955 : les années Louison Bobet
Lors de ces trois années, le Tour atteint son apogée en matière de popularité, notamment en raison de la personnalité forte des sélectionnés en équipe de France, mais particulièrement par celle du Breton Louison Bobet, leader incontesté de la formation nationale. Ainsi, il réussit l’exploit de ramener à trois reprises le maillot jaune à Paris. A l’occasion de ces trois éditions et quelque soit le sens donné au parcours du Tour, les vainqueurs à Pau restent des champions de classe mondiale : Magni, Ockers et Brankart, s’octroyant respectivement le bouquet de la victoire sur la place de Verdun.
Par ailleurs, lors de l’année 1953, un nouveau classement voit le jour, celui désignant le classement par points, symbolisé pour son lauréat par le port du maillot vert.
Deux nouveaux clubs cyclistes à Pau
A cette même époque, deux nouveaux clubs cyclistes palois font leur apparition dans les pelotons régionaux. En premier lieu, « l’Avant Garde Sportive Paloise » en 1948, puis, le « Pau Vélo-Club » en 1953.
Le premier nommé, club omni-sports, se consacre en grande partie à la pratique du cyclotourisme, sous la conduite de son président M. Henri Rech. En parallèle, une section destinée à la compétition est mise en place, permettant à ses meilleurs éléments de se distinguer dans les courses régionales, mais aussi nationales.
Dans ce lot, il convient de citer Robert Laporte-Fauret, coureur complet, qui aura l’honneur de participer à la « Route de France », mais surtout Albert Coste, grimpeur ailé, qui s’illustre à maintes reprises dans la montée du col d’Aubisque, remportant à cinq reprises cette compétition spécifique et, en détenant pendant plusieurs saisons, le meilleur temps. « Kéké », puisque tel était son surnom, se distingue même à l’occasion de la course de côte du Mont Faron où, dans un contre la montre, en présence des professionnels, il se classe à la quatrième place, devançant à cette occasion le grand champion de l’époque, Jacques Anquetil, le spécialiste de l’effort solitaire.
Quant au « Pau Vélo Club », il voit le jour en 1953, dans le quartier de la place Gramont et de la rue d’Etigny. Son siège se situe au bar le « Bayard », situé rue de Liège à l’angle de la place de Verdun. Parmi les dirigeants de cette époque, il convient de citer les frères Bordes, Claverie, Olmos… Les coureurs portant le maillot
« vert et rouge » se distinguent rapidement parmi les meilleurs régionaux et ne tardent pas à se faire un nom : Planas, Poutou et surtout Robert Gibanel. Celui-ci est même sélectionné avec l’équipe du Sud-Ouest en 1955 pour disputer la « Route de France », épreuve par étapes d’une semaine, réunissant les meilleurs espoirs amateurs français de « l’Hexagone ». A ce propos, il s’impose sur l’anneau cyclable de la place de Verdun, remportant ainsi l’étape de montagne Bagnères-Pau, passant par le Tourmalet et l’Aubisque, devant son compagnon d’échappée, le Normand Gérard Saint.
L’année suivante, Robert Gibanel, est retenu dans cette même équipe régionale pour disputer la « Grande Boucle ». Un épisode de sa carrière qui sera évoqué peu après.
Le CCB reste toutefois le club majeur en Béarn
Le Cyclo Club Béarnais ne veut pas laisser pour autant sa place de premier de classe dans le concert du cyclisme régional. En ce début des années cinquante, René Barrère (gendre de Cardona), rapide routier-sprinter s’impose à moultes reprises, menant la vie dure en matière de sprint aux très véloces André Darrigade ou encore Albert Dolhats. Dans ce domaine et parmi ses équipiers de luxe, se compte Cassol, un ancien pro, ayant côtoyé quelques années plus tôt le grand Fausto Coppi.
Par ailleurs et presque par hasard, le CCB découvre une véritable pépite en la personne d’Arnaud Geyre. Celui-ci impose alors sa façon brillante de courir, faite à la fois de facilité, de panache, mais aussi une manière un peu déconcertante de mener sa carrière et ses entrainements. Dans ces années-là, l’Orthézien Robert Cazala et le Nayais Raymond Mastrotto rejoignent les effectifs du Cyclo Club Béarnais et permettent au club palois de se hisser parmi les meilleurs clubs de L’Hexagone. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’oeil sur les performances réalisées par la triplette paloise au niveau national et international :
- 1956 : Raymond Mastrotto remporte la « Route de France ». Au départ de la dernière étape, Bagnères-Pau, Roger Rivière (membre de la sélection française), est maillot jaune devant Raymond Mastrotto. Dans les ascencions des cols du Soulor et Aubisque, les deux hommes se neutralisent, puis Mastrotto, attaque Rivière dans la descente vers la vallée d’Ossau. Sur la route du retour vers Pau, il creuse son avance sur son rival (plus de quatre minutes à l’arrivée) et remporte le classement général de la Route de France.
- 1956 : Arnaud Geyre, Palois de naissance et licencié au Cyclo Club Béarnais, est sélectionné avec l’équipe de France pour participer au JO de Melbourne en Australie. A l’occasion de la course en ligne, il termine à la deuxième place, précédé par le champion italien Ercole Baldini et remporte la médaille d’argent. Par ailleurs, au classement par équipes, l’équipe de France, comprenant (Geyre, Moucheraud, Vermeulin, Abadie) termine à la première place.
- 1957 : Raymond Mastrotto remporte pour la deuxième fois le classement général de la « Route de France ».
- 1958 : Mastrotto, toujours lui, remporte l’étape Berlin-Leipzig dans la course de la Paix.
- 1959 : les trois Béarnais du CCB, Cazala, Geyre et Mastrotto terminent respectivement, deuxième, troisième et cinquième de la course les Boucles de la Seine, battus au sprint par le professionnel Hanssenforder.
Pour évoquer cette époque, il est important de revenir vers le Pau-Vélo-Club et signaler la première participation de Gibanel en 1956 au Tour de France avec l’équipe du Sud-Ouest. Il termine à la 73 ème place au classement général. Il est toutefois reçu comme un héros à son retour à Pau par une foule de supporters venus pour l’acclamer en gare de Pau.
Par ailleurs, son club, le Pau Vélo Club organise en 1959 sur le circuit automobile de la Gare et lors du week-end pascal, un critérium cycliste, avec la présence d’une vingtaine de professionnels dont : Gaul, Bahamontès, Poblet, Forestier, Gauthier, Dotto, Huot, Saint,… Parmi eux figurent aussi les régionaux, Geyre, Cazala, Mastrotto, Gibanel, Loustalot, Sabathier, Goya, Roger Darrigade … La victoire est remportée par l’Espagnol Miguel Poblet, vainqueur huit jours plus tôt de Milan-San Remo. Ainsi, sur l’avenue Gaston Lacoste, face à la grande tribune, il bat au sprint, le Landais, Dolhats et le Tarbais, Batan.
Le cyclisme local connaît alors ses heures de gloire et est suivi par un vrai public qui se passionne pour ce sport. L’animateur, mais aussi journaliste, Jean Bruno, n’est pas étranger à cet engouement. Désormais, chaque fête de quartier possède son prix cycliste tels : la place de la Monnaie, la place Gramont, Lartigue, Paul Doumer, le Buisson...) mais encore des commerçants ou industriels qui n’hésitent pas à mettre la main au porte-monnaie pour organiser leur propre course, (Lapasserie, Elvish, les Bonnes Affaires, Saint-Rémy, Charles Toulouse, les cycles Frérot…)
Le Tour sous l’emprise de Jacques Anquetil (1957 / 1964)
1957 : Alors que Robert Gibanel est sélectionné avec l’équipe régionale du Sud-Ouest pour disputer une seconde fois le Tour, Jacques Anquetil, âgé de 23 ans est désigné comme leader de l’équipe de France. Si le Palois Gibanel est contraint à l’abandon (suite à une chute, fracture du col du fémur, détectée à l’arrivée, après qu’il eut terminé l’étape à vélo, recevant à cet égard le prix de la combativité), Anquetil, ce même jour, s’empare du maillot jaune. Dans l’étape Luchon-Pau, remportée par l’Italien Nencini, Anquetil connaît une sévère défaillance dans les derniers kilomètres du col d’Aubisque, toutefois, après une course poursuite dans la vallée, il sauve l’essentiel et garde sa première place au général. Il est à noter que l’arrivée à Pau, se tient pour la première fois, avenue Gaston Lacoste, en face des tribunes du circuit automobile.
1958 : Geminiani surprend les favoris du Tour dans la descente de l’Aubisque où sévit un épais brouillard et prend le maillot jaune à Pau. Il en sera dépossédé dans les Alpes par Charly Gaul qui, dans conditions climatiques épouvantables, s’impose sous le déluge dans l’étape de la Chartreuse. L’Ange de la Montagne remporte le Tour, alors que Anquetil victime d’un point de pleurésie est contraint à l’abandon.
1959 : participation de Mastrotto et Cazala au Tour, avec la sélection nationale.
Robert Cazala, remporte l’étape à Roubaix et porte le maillot jaune, pendant une semaine (de Roubaix à Bayonne). Dans ce Tour qui ne fait pas étape à Pau, cette année-là, Anquetil et Rivière, désignés leaders de l’équipe de France, se neutralisent et, au final, laissent la victoire à Bahamontès.
1960 : Après sa victoire au Giro, Anquetil décline sa sélection pour participer au Tour. En conséquence, Roger Rivière devient le leader unique de l’équipe de France. Celui-ci remporte l’étape Mont de Marsan-Pau (228 kilomètres), alors que son plus sérieux adversaire, l’Italien Nencini, à cette occasion prend le maillot jaune. Trois jours plus tard, victime d’une grave chute dans la descente du col du Perjuret, gravement touché à la colonne vertébrale, Rivière quitte le Tour sur une civière. Cette blessure handicapante, l’oblige à mettre un terme prématuré à sa carrière de coureur cycliste. De son côté, Raymond Mastrotto, membre à part entière de la formation tricolore, après une course régulière et une fin de Tour pleine d’allant, termine au sixième rang du classement général et par là même premier français.
1961 : Luchon-Pau, le Mauléonais Marcel Queheille, longtemps échappé en solitaire, se fait rejoindre en fin de parcours et ne peux faire mieux que troisième, laissant la victoire au sprint au Belge Pauwels. A l’issue de cette étape, Jacques Goddet, le directeur du Tour, insurgé par le comportement passif des coureurs, les traite de « Nains de la Route ». Le seul qui trouve grâce auprès du patron du Tour reste Anquetil qui réussit l’exploit de porter le maillot jaune du premier au dernier jour.
1962 : Bayonne-Pau, Eddy Pauwels gagne à Pau pour la deuxième fois. Le fait majeur de cette étape, demeure l’abandon sur chute de son compatriote et champion du monde Rick Van Looy. Blessé sérieusement aux reins, il passera une semaine en observation à l’hopital de Pau. A l’issue de ce Tour, courru pour la première fois par des équipes extra-sportives, Anquetil remporte la mise finale, égalisant par cette troisième victoire, le record établi par Louison Bobet.
1963 : Lors de l’étape, Bordeaux-Pau, le Dacquois André Darrigade rate la victoire d’un cheveu. En effet dans les derniers kilomètres, sur le circuit de la Gare, il se laisse surprendre par le rusé Pino Cerami et doit se contenter de la deuxième place.Par ailleurs, le lendemain, entre Pau et Bagnères de Bigorre, Anquetil gagne l’étape de montagne, comprenant les cols d’Aubisque et du Tourmalet. Au final, il ramène un quatrième maillot jaune à Paris.
1964 : L’Espagnol Bahamontès remporte l’étape Luchon-Pau, en solitaire. Au-delà de cette victoire de prestige et pour être passé en tête dans les quatre cols pyrénéens, il conforte sa place de leader dans le très convoité challenge de la montagne. A l’issu de cette performance, il remonte à la deuxième place du classement général, devancé par le surprenant Georges Groussard. Au final, Anquetil, aprés un duel au sommet avec Poulidor, notamment dans le Puy de Dôme, remporte son cinquième Tour de France.
Le cyclisme à Pau dans les années soixante
Alors que Mastrotto, Cazala, Geyre, bataillent désormais chez les professionnels, que Gibanel, Planas, Poutou, ou encore Coste, maintiennent le cap chez les « Indépendants », une nouvelle génération de coureurs palois apparait au sein des pelotons. Dans un premier temps et parmis les plus performants on peut citer : Jo Pétré, René Sanchette, Gilbert Gibanel, René Salles, puis un plus tard, Jean-Pierre Combet, Roland Lalanne, Serge Salles, Pierre Ranou, Gilbert Barrère, Alain Sans…
1962 : A Pau, une annexe du « Bataillon de Joinville ».
Sous l’autorité du commandant Stéphan, une annexe du Bataillon de Joinville s’installe à Pau au Camp du Hameau. A cet effet, de nombreux jeunes espoirs du sport et notamment du cyclisme sont rassemblés pour effectuer leurs obligations militaires. Parmi les cyclistes les plus connus, on peut citer : Guimard, Danguillaume, Delisle, Letort, Guyot… Parmi ces jeunes recrues se trouve le Palois Alain Sans, encore licencié à cette époque au CCB, qui se distinguera quelques années plus tard, en athlétisme, en disputant notamment une demi-finale du 800 mètres, lors des JO de Munich, en 1972. Pour en revenir au Bataillon de Joinville, son activité paloise s’achèvera en 1966, pour rejoindre les installations à Fontainebleau.
1967 : Organisation à Pau des championats de France militaire.
Michel Perrin, licencié au CC Bordelais et militaire au « 57ème RI » remporte le titre de champion de la
« 4ème Région Militaire ». Quinze jours plus tard, sur le même circuit et au parcours particulièrement sélectif, il met à mal tous les sociétaires du Bataillon de Jonville, notamment Claude Guyot, pourtant donné au départ largement favori et triomphe seul à Pau, avec plus de cinq minutes d’avance sur ses premiers poursuivants.
1968 : En raison des contraintes liées à la circulation en ville, il apparaît que les dirigeants des clubs palois renoncent à organiser des courses cyclistes au coeur de la cité. De la sorte, vers la fin des années soixante, le fameux Grand Prix Lapasserie est délocalisé du côté d’Oloron. En compensation, une épreuve à étapes voit le jour en 1968, en l’occurence le Tour Béarn-Aragon, organisé conjointement par le CC Béarnais et le club de Saragosse. (voir, paragraphe dans la chronique « les courses cyclistes à Pau)
A la fin de cette décennie, un jeune cadet, venu de Lembeye, signe une licence en faveur du CC Béarnais. Un passage éclair, puisque dès la saison suivante, Gilbert Duclos-Lassalle migre en direction de d’Artix.
Le Tour à Pau, à la fin des années soixantes (1965/1968)
1967 : Raymond Mastrotto s’impose chez lui, dans l’étape Luchon-Pau.
Cette année-là, le Tour voit le retour des équipes nationales. La formation tricolore, toujours dirigée par Marcel Bidot, est articulée autour de trois leaders : Poulidor, Aimar et Pingeon. Dans une formation secondaire, appelée « les Coqs de France », Raymond Mastrotto, âgé alors de 33 ans est sélectionné.
Mastrotto, après un début de Tour discret, dans la grande étape pyrénéenne, passant par les cols d’Aspin Peyresourde, Tourmalet et Aubisque, profitant du manque de motivation des leaders qui se neutralisent, s’échappent en traversant la commune de Nay et résiste au retour du duo, composé par Van Springel et Junkerman. Il gagne à Pau à la grande joie de ses nombreux supporters.
Dans ce Tour, le Français Roger Pingeon ramène le maillot jaune à Paris, alors que l’Anglais Simpson décède à la suite d’un malaise cardiaque sur les pentes du Mont Ventoux.
1968 : Ce Tour, couru cette année encore par les équipes nationales et remporté par le Hollandais Jan Jansen, ne reste pas vraiment dans les annales. Il en sera de même pour le vainqueur de l’étape Bayonne-Pau, le Belge Van Ryckeghem. Cette fois encore, Poulidor fait preuve de malchance, victime d’une grave chute dans l’étape menant à Albi, il est contraint à l’abandon.
Eddy Merkx et le Tour (1969/1974)
1969 : Eddy Merkx, malgré un contrôle positif au Giro d’Italie, est toutefois autorisé à participer au Tour de France. Cette année-là, la ville de Pau est absente du Tour et est remplacée en matière de ville-étape par la commune de Moureux. Ainsi, les spectateurs massés à proximité de l’arrivée peuvent saluer l’exploit réalisé par le champion belge. En effet, Eddy Merkx, après une échappée en solitaire de 130 kilomètres, reléguant ses plus dangereux adversaires à plus de huit minutes, triomphe dans la « cité nouvelle ». Un exploit qui est entré depuis dans la légende du Tour.
1971 : En 1970, le Tour fait encore fait escale à Moureux, Il faut attendre l’année suivante pour que la Grande Boucle revienne à Pau. La victoire revient au Belge Van Springel, lors de la demi-étape venant de Gourette. Merkx porte une nouvelle fois le maillot jaune et s’impose quelques jours plus tard à Paris, pour la troisième fois consécutive. Cette victoire est toutefois due en grande partie à l’abandon de l’Espagnol Luis Ocana, victime d’une grave chute dans la descente du col de Menté, alors qu’il occupait la place de leader avec 7 minutes d’avance sur Merkx. Pour beaucoup d’observateurs, Ocana reste le vainqueur moral de ce tour.
Dans la première demi-étape, Luchon-Gourette, il importe de rappeler la victoire du Béarnais Bernard Labourdette : un succès passé un peu inaperçu, puisqu’il s’était déroulé sous un déluge d’orage. A ce propos, Labourdette en grande forme, se classe au final à la huitième place du Tour.
1972 : L’étape Bayonne-Pau, via le col d’Aubisque, est rendue difficile par de mauvaises conditions climatiques : la pluie et la froidure qui s’abattent sur la route du Tour. Le Français Bernard Thévenet est victime d’une lourde chute dans la descente du Soulor, à proximité d’Arthez d’Asson et rejoint Pau à moitié inconscient. Ocana, pris lui aussi dans cette embardée, se trouve distancé par le petit groupe formant l’échappée et perd plus d’une minute notamment sur Merkx. A l’arrivée le Français Yves Hézard s’impose au sprint et Cyrile Guimard prend le maillot jaune. Merkx au final reste le plus fort et gagne son quatrième Tour.
1973 : Merkx absent, Ocana est considéré comme le grand favori. Ainsi l’Espagnol de Mont de Marsan ne laisse pas passer sa chance. En grande forme, il domine de la tête et des épaules ses principaux opposants. A Paris il possède plus du x minutes sur Thèvenet classé deuxième.
A Pau, la victoire revient à l’Espagnol Torres, alors qu’Ocana, souverain et porteur du maillot jaune, à trois jours de l’échéance à Paris est assuré de la victoire finale.
1974 : Merkx est de retour et le duel contre Ocana est attendu par les passionnés de cyclisme. Pourtant cette confrontation tourne court, Ocana, malade est contraint à l’abandon. A Pau, à l’issue de l’étape Bagnères-Pau, Jean-Pierre Danguillaume est déclaré vainqueur. Merkx, vêtu de jaune, s’apprète à fêter sa cinquième victoire, record absolu en la matière.
Dans ce Tour, Raymond Poulidor, malgré ses 40 ans, fait de la résistance, il termine à Paris au deuxième rang.
1975 : Merkx souhaite remporter une sixième fois le Tour. Longtemps porteur du maillot jaune, il perd la place de leader dans les Alpes, plus précisément dans la montée vers Pralou, au profit du Français Thévenet. Ce dernier s’impose à Paris.
1976 : Merkx est absent, Thévenet en petite forme et malade, doit abandonner. Le Belge Van Impe, sous la coupe de Guimard s’impose alors. Il est à noter la bonne performance de Raymond Delisle (protégé du commandant Stéphan) qui finit au quatrième rang au général après avoir gagné l’étape le jour de la fête du 14 Juillet et prit le maillot jaune au x.
1977 : Thévenet remporte son deuxième Tour de France, alors que Jacques Esclassan, son équipier de l’équipe Peugeot, ramène le maillot vert à Paris.
A Pau, lors de ces trois années, la victoire d’étape revient respectivement à : Gimondi, Panizza et Thurau.
Les années Hinault (1978/1985)
1978 : Lors de l’étape Biarritz-Pau, le holandais Lubberding s’impose, alors que le belge Bruyère porte le maillot jaune. Hinault qui dispute son premier Tour de France attend son heure, notamment la traversée des Alpes pour se hisser à la première place au classement général et s’octroyer une première victoire.
1979 : Pour sa deuxième participation au Tour, Hinault, vétu de jaune, triomphe à Pau, lors de l’étape de montagne venant de Luchon. Dominateur, sûr de sa force, il s’impose pour la deuxième fois dans la
« Grande Boucle ».
1980 : Tour de France, abandon à Pau de Bernard Hinaut. Handicapé par une douleur persistante au genou, Bernard Hinault quitte discrètement le Tour. Par une porte dérobée de l’hôtel Continental, à la barbe des journalistes et des organisateurs, il rejoint incognito son équipier et ami Hubert Arbes, venu le récupérer en voiture et qui l’amène chez lui à Lourdes. A cette suite la victoire du Néerlandais Kneteman reste anecdotique.
1981 : Bernard Hinaut, s’impose dans l’étape contre la montre du Tour, Nay/Pau.
Le Breton, revenu à son meilleur niveau, s’impose brillamment dans ce contre la montre, long de 40 kilomètres et au profil tourmenté, avec notamment l’ascension à mi-parcours de la côte de « ND de Piétat ». A cette occasion, il reprend le maillot jaune à l’Australien Anderson.
1982 : L’Irlandais Kelly s’mpose dans l’étape Fleurance/ Pau. Hinault, encore porteur du maillot jaune consruit sa quatrième victoire dans le Tour.
1983 / 1984 : Ces deux années permettent au Français Laurent Fignon d’inscrire son nom au palmarès de la grande boucle. Il est vrai que, toujours en délicatesse avec son genou, Hinault est absent de l’édition 1983. Par ailleurs et pas totalement revenu au top de sa forme la saison suivante, après avoir subi une opération chirurgicale au genou, il termine à la deuxième place. A cette occasion, désormais porteur du maillot de la « Vie Claire », il se trouve sous la coupe de Bernard Tapie.
1985 : Bernard Hinault remporte son cinquième Tour de France. A Pau, il est vétu du maillot jaune alors que la victoire de la demi-étape Laruns / Pau revient à Régis Simon.
1986 : Hinault participe pour la dernière fois au Tour. Comme il l’avait annoncé, il aide son équipier, l’Américain Greg Lemond, à s’imposer au classement général dans lequel il occupe la deuxième position. Cette année-là, il termine à la deuxième place de l’étape Bayonne/Pau, devancé par l’Espagnol Delgado avec lequel il s’est détaché dans la montée du col de Marie Blanque.
1989 : Victoire pour la première fois sur le Tour d’un coureur issu des « Pays de l’Est », en l’occurence le Russe, Dimitri Konitchev.
198x : Création de la section cycliste de l’ASM de Pau.
199X : Création du critérium du cours Lyautey.
200X : Critérium international de la route, organisé dans les PA en trois étapes.
Le samedi, course en ligne : Bayonne/Jurançon.
Dimanche matin, course de côtes : Pau/Gourette.
Dimanche après-midi, course contre la montre, centre-ville de Pau,
départs et arrivées depuis le Palais Beaumont.
Victoire finale de l’Espagnol Olano.
LES CLUBS
19XX : Cyclo Club Béarnais (CCB), puis devenu le CCB de Pau.
195X : Pau Vélo Club.
194X : Avant Garde Sportive Paloise.
198X : Association Sportive Municipale Paloise de Pau.
2019 : Pau vélo 64 (Nicolas Launay) Nat 3 coupe de France
Coureurs importants
Victor Fontan, Cardonna, René Barrère (CCB), Arnaud Geyre, Raymond Mastrotto, Robert Cazala, Robert Gibanel (Pau VC), Poutou et Planas (Pau VC), Albert Coste (AGS Paloise), Hubert Arbes (CCB Pau), Gilbert Duclos-Lassalle, André Roméro (Pau VC).
Dirigeants importants
Josy Poeyto, dite Mme Tour de France, adjointe à la ville de Pau.
M. Lapasserie, président du CCB et partenaire principal de la course : « le Grand Prix Lapasserie »
M. Stéphan, responsable de la section du bataillon de Joinville à PAU, détaché au camp du Hameau.
Dirigeant et entraineur de l’ASM de Pau.
Les courses cyclistes à Pau
Le Grand Prix Lapasserie, Organisé par le Cyclo Club Béarnais, première édition en 1931.
Parcours : Pau, Assat,Nay, Baliros,Gelos, Pau, Gan, Lasseube, Oloron, Eysus, Saint-Christau, Asasp, Gurmençon, Oloron, Gurs, Navarrenx, Lucq, Monein, Arbus, Laroin, Jurançon, Pau. Arrivée place Clémenceau.
Kilométrage : 160 kilomères.
Les palmarès
1931 : Riera (ex Tour de France)
1932 : Samaran (Tarbes)
1933 : Samaran (Tarbes)
1934 : Hargues (Arcacachon)
1935 : Larrouy (CCB)
1936 : Duplé ( Bordeaux)
1937 :Berendero ( CCB)
1938 : Salles (CCB)
1939: Salles (CCB)
1948 : Mourguy (Bayonne)
1949 : Goni (Oloron)
1950 : Goni (Oloron)
1951 : Goya (Nay)
1952 : Lesca ( Agen)
1953 : Guilhem (Pau VC)
1954 : Barrère (CCB)
1955 : Jouglin (Dax)
1956 : Cazala (CCB)
Le Tour Béarn/Aragon
Organisé par le CCB et le CC Saragosse, première édition en 1968.
Le Critérium cycliste du cours Lyautey