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Sport et Patrie


///  Texte de Jean-Louis Maffre

Sur le plan national.

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Un peu d'histoire

Avec la perte de l’Alsace et de la Moselle en 1870-71, l’idée de "revanche" habite un temps le pays. Il faut se préparer à un futur conflit et pour cela former la jeunesse française.

L’éducation vise donc à former des combattants, c’est pourquoi l’éducation physique et le tir font partie des programmes des écoles primaires en vertu, pour cette dernière discipline, de l’arrêté ministériel du 27 juillet 1893. 

L'éducation physique et le tir au programme des écoles à Pau.

Tardivement, le 26 février 1900, M. Lapassade, directeur de l’école du Centre (aujourd’hui Henri-IV) demande au maire, Henry Faisans, l’autorisation d’installer un stand de tir dans son établissement.
Pour le championnat des écoles primaires de tir à 10 mètres qui doit avoir lieu du 1er mars au 30 avril de cette même année, les cinq meilleurs tireurs de chaque école âgés de onze ans et plus sont appelés à concourir. Le président de la Société Mixte de tir du 143e Régiment territorial d’infanterie précise, dans un courrier du 9 mars, que "600 prix en nature [sont] offerts par le Président de la République, les Ministres, par l’Exposition Universelle de 1900, (plaquettes et diplômes) et par l’Union des Sociétés de tir de France".  Mais, comme les écoles primaires manquent de ressources pour l’achat d’armes et de munitions,
il demande à la Municipalité l’achat de six carabines "La Française" et de cartouches.

Le Conseil municipal du 16 mars vote alors un crédit de 300 francs pour ces six armes et 2 000 cartouches au bénéfice des écoles du Centre, du Vieux-Palais (Marca) dirigée par M. Plassot, du Musée (Bosquet) dont le directeur est M. Tapie-Dessus, du Nord (Gaston-Phoebus) directeur M. Clariget, du XIV-Juillet (Léon-Say) directeur M. Péguilhem, et du Hameau (anciennement Pagnol, Gaston-Bonheur et Gauguin) sous la direction de M. Ingres. À partir de cette date, plusieurs fois par an, des milliers de cartouches sont livrées à ces écoles et à l’école primaire supérieure par M. Lissonde, armurier. Après quelques dotations de 2 000 cartouches par établissement, à compter du 13 juillet 1901, les distributions ultérieures se font proportionnellement au nombre d’élèves : 600 pour l’école du Centre, 500 pour le Vieux-Palais, 350 pour le Musée, 300 au Nord, 250 à la rue du XIV-Juillet.

L’école du hameau n’a pas été concernée par cette distribution, sans doute lui restait-il des munitions sur les 2 000 accordées précédemment… En 1902, M. Lissonde livre 7 800 cartouches à ces six écoles, plus l’école primaire supérieure qui deviendra l’école professionnelle Saint-Cricq. En 1904 est fourni un relevé du nombre d’élèves qui participent aux exercices de tir : 132 pour Saint-Cricq, 105 au Centre, 98 au Vieux-Palais, 40 au Musée, 32 au Nord, 20 à l’école du XIV-Juillet, 10 au Hameau. Une dotation de 10 000 cartouches sera votée jusqu’au 4 mars 1914. 

L'Education physique

Plutôt négligé jusque-là au profit de l’intellect, le corps va faire l’objet de toutes les attentions.
La préoccupation est semble-t-il nationale car Le Temps rapporte qu’en 1888 il a été formé une Ligue nationale de l’Éducation physique. Le Bulletin Officiel du Véloce-Club Béarnais du 1er novembre 1888
se fait à ce propos l’écho d’une lettre du sénateur Berthelot à la Ligue Française d’Éducation physique dont il est le président : "Votre œuvre est bonne et je m’y associe de tout cœur. Vous vous proposez de développer l’éducation physique de la jeunesse, de donner à nos enfants la santé, la force, l’adresse qui assurent l’équilibre intellectuel et moral des individus, en même temps que la puissance et la grandeur de la nation ; c’est ce que réalisait la Grèce dans ses beaux jours, c’est aussi le devoir des temps modernes (…).

L’éducation esthétique et morale de l’enfance n’a pas moins à gagner à ce qu’il soit en contact incessant avec la nature. La lumière, le soleil, les bois, les champs agrandissent et purifient la pensée et le cœur de l’homme ; ils assainissent son esprit en même temps que son corps et le débarrassent des germes des maladies, aussi bien que ceux de l’immoralité. L’encombrement des villes rend les uns et les autres plus pernicieux ; la vie en plein air, ne cessons jamais de le proclamer, est bonne et morale, pour l’enfant comme pour l’homme… » 

En 1899, la Chambre des Députés nomme une commission pour instituer une vaste enquête sur l’éducation physique « auprès des familles et des établissements d’enseignement secondaires, des bureaux d’administration des lycées et collèges, des sociétés d’anciens élèves, des chambres de commerce et conseils généraux. » (Bulletin du VCB du 1er janvier 1900). 

Parmi les réponses obtenues, retenons d’abord celle de l’Académie de la Somme : "Il est incontestable (…) que l’éducation du corps est trop négligée encore dans nos établissements. (…) on n’a pas vu assez nettement le sang-froid, l’énergie, la persévérance, l’agilité, l’adresse, les mâles vertus en un mot que supposent ces exercices [l’aviron et la balle] et qu’impliquent ces triomphes. En réalité, les exercices physiques seront la sauvegarde de la moralité de nos élèves. (…) La question de l’éducation physique prime en importance toutes les autres questions scolaires, car elle intéresse l’avenir, la force et l’existence même de notre race. » De même, la Chambre de commerce d’Agen précise : "Une place trop large est réservée dans l’emploi du temps aux exercices purement intellectuels, une place trop étroite aux exercices plus proprement éducatifs et hygiéniques ; on s’occupe trop de l’esprit, pas assez du corps". 

(In Bulletin du VCB du 1er août 1900).

On retrouve le même genre de remarques dans les réponses à l’enquête faites par les Chambres de commerce de Dieppe et de Douai. Et l’Académie d’Avranches constate : "Nous assistons à la renaissance de l’éducation physique". Les bienfaits de l’éducation physique semblent faire l’unanimité, même si certains font preuve de prudence et de modération dans leur enthousiasme. C’est le cas notamment de l’Académie de Vienne : "L’éducation physique a failli devenir, dans ces dernières années, une superstition, et elle a été sur le point de tenir trop de place dans notre vie scolaire". Et elle suggère donc un "programme suffisant d’éducation physique (…) qui pourra être appliqué sans compromettre les études, surtout si on évite d’organiser des lendits ou autres concours régionaux".

 (In Bulletin du VCB du 1er avril 1900).

De même, dans l’Académie de Toulouse, l’Inspecteur d’Académie du Gers fait savoir que "les familles n’entendent pas que l’on fasse de leurs enfants des athlètes". Un professeur d’Auch quant à lui craint le surmenage, même si "l’éducation physique doit être moins négligée".

 

Ceci explique le rôle des médecins dans cette formation qui se veut scientifique. L’éducation physique, qui détourne de l’oisiveté et de tous les vices comme on se plaît à le dire, fait, nous venons de le relever, son entrée dans la société.

En 1888, le docteur Philippe Tissié fonde la Ligue girondine de l’Éducation Physique 

 

Voir Album La Ligue Girondine - Philippe Tissié / 1888

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