Sur le plan national.
Le tir

Une historiographie aujourd’hui dépassée prétend que la perte de l’Alsace-Moselle en 1871 laissait présente dans l’esprit de tous les Français l’idée de "Revanche".
On rapporte le succès des formules "N'en parler jamais. Y penser toujours". "La ligne bleue des Vosges".
Cette idée traduit la réalité seulement entre 1871 et les années 1890.
À cette époque, l’école primaire enseigne que la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine est inacceptable. Elle prépare à la caserne, inculque les idées de Patrie, de sacrifice (mourir pour la Patrie), d’honneur, de discipline, de dévouement, de devoir (défendre le territoire), et martèle que le service militaire est un devoir sacré.
En 1882 sont instaurés des bataillons scolaires servant à la préparation militaire et qui organisent des défilés d’enfants munis de fusils de bois.
Mais des études récentes montrent que la réalité est tout autre à partir de la fin du XIXe siècle. Bertrand Joly, dans "Le souvenir de 1870 et la place de la Revanche", in Encyclopédie de la Grande Guerre, relève le "pacifisme de l’opinion publique en France et le rôle à peu près nul joué par l’idée de Revanche dans l’action des gouvernements successifs. (…) À quelques exceptions près, très bruyantes mais tout de même marginales, les Français, gouvernants et gouvernés, ne veulent pas de la Revanche. (…) De 1871 à 1914, les authentiques revanchards n’ont été qu’une infime minorité, un groupuscule aux effectifs si dérisoires qu’il peut paraître abusif de lui accorder aujourd’hui la moindre attention".
On relève pourtant dans la société des signes évidents de militarisation. Avant la guerre, l’enseignement n’est plus fondé sur le "patriotisme offensif", la Revanche, mais sur l’idée de défense sacrée de la Patrie attaquée. Le patriotisme est inculqué dans les classes primaires où beaucoup d’instituteurs sont patriotes mais pacifistes.
La Ligue française de l'éducation physique
Rappelons ce qui a été dit à ce propos dans l'album "Sport et patrie" : le sport à l’école vise à former les combattants. La Ligue française de l’Éducation physique a pour devise :
Pour la Patrie.
Par le foyer.
Par l’école.
Par la caserne
C’est pourquoi la Ligue girondine de l’Éducation physique organise des "Concours scolaire et militaire de gymnastique et de plein air" et des "Lendits militaro-sportifs". On développe chez les élèves le goût du tir et des armes en programmant le tir dans les écoles qui sont dotées d’armes et de munitions.
Des championnats de tir des écoles primaires sont organisés et les sociétés de tir sont patronnées par le Gouvernement.
Le champ de tir
Constamment, la presse locale rappelle les objectifs patriotiques et militaires des clubs de tir. La première trace de ce sport dans les Archives communautaires date de 1858. La délibération du Conseil municipal du
8 novembre mentionne l’existence d’un champ de tir de 436 m et le projet d’un nouveau terrain de garnison ayant 600 m de long destiné aux nouvelles armes de guerre d’une portée de 1 200 m. Il est question de son installation à l’intérieur de l’hippodrome qui dispose d’un espace long de 800 m. Mais la proposition se heurte au refus du président de la Société d’Encouragement. Il est alors offert à la vallée d’Ossau de lui acheter un terrain pour le concéder à l’autorité militaire. Il se situe au nord de l’hippodrome, près du ruisseau l’Uzan, et mesure 1 034 m sur 50. Le Syndicat du Bas-Ossau ayant repoussé toutes les propositions, le Conseil vote le 11 octobre 1859 les 6 415,30 francs nécessaires à l’acquisition du terrain évaluée par une expertise. En 1860, neuf communes du Syndicat sont contactées pour traiter à l’amiable avant une demande éventuelle d’expropriation. Des démarches sont alors entreprises afin de réunir le jury destiné à "régler l’indemnité due à la Vallée d’Ossau pour la cession du terrain nécessaire pour former un champ de tir". (Délibération du 30 mai 1860). Le Conseil du 14 janvier 1861 est alors chargé d’évaluer l’indemnité à payer "à la vallée d’Ossau pour la dépossession du terrain destiné à un champ de tir pour les exercices de la garnison". La somme de 5 915,30 francs y est affectée en attendant. Le 10 février 1862 enfin, le terrain est affermé, tout comme le droit de pacage et de couper les tuies en novembre (Archives communautaires, 1N1/12). Il est renouvelé au fil des ans pour des personnes différentes.